Alison Alderdice et Alexi Erenkov du groupe The Saxophones. | AVERY BIBEAU

Pas de big band ni de cuivres tonitruants dans The Saxophones, mais des chansons d’un romantisme voluptueux signées Alexi Erenkov et Alison Alderdice, un couple venu de la baie de San Francisco. « L’amour est un facteur déterminant lorsque vous choisissez les membres de votre groupe », assure Alexi Erenkov, chanteur au visage taillé à la serpe, qui, avec son épouse, brune percussionniste au regard profond, charme par son élégance « fifties ». Un charme qu’on retrouve dans leur premier album, Songs of The Saxophones, où se mêlent voix grave, guitare au spleen cristallin et sax solitaire serpentant sur un tapis de flûtes. « Aimer avec qui vous jouez rend tout le monde plus détendu », ajoute Erenkov. Paix du ménage et plénitude artistique. « Je voulais partager cette expérience avec elle. J’aurais été dévasté de devoir tourner sans elle pendant des semaines. »

« J’ai accouru quand j’ai entendu la chanson “Just You”, écrite par David Lynch et Angelo Badalamenti. C’est comme cela que je voulais que notre groupe sonne ! » Alexi Erenkov

C’est pourtant en solo que le jeune homme s’est d’abord lancé, après avoir étudié à l’université le saxophone jazz, la flûte et la clarinette. Il assouvit ainsi ses envies de guitare électrique, égrenant, sur le circuit indé de la baie, quelques premiers titres sans grande cohésion. Jusqu’à une révélation. « Alison regardait Twin Peaks dans notre salon pendant que je jardinais, se souvient Erenkov. J’ai accouru dans la pièce quand j’ai entendu la chanson Just You, écrite par David Lynch et Angelo Badalamenti. C’est exactement comme cela que je voulais que notre groupe sonne ! Cette approche instrumentale, lyrique et minimaliste, c’est ce que je m’efforce d’atteindre dans notre musique », poursuit celui qui a fini par enregistrer sa propre version de Just You avec les Saxophones.

Avec cette idée en tête, le couple a composé la plupart des dix morceaux de Songs of The Saxophones à la guitare acoustique lors d’un hiver humide. « Dans la cabine d’un bateau que nous avions dans la baie et dans un gîte à Point Reyes, sur une côte sauvage au nord-ouest de San Francisco. » Enregistré en dix jours dans un studio de Portland (Oregon), l’album vibre d’une étrangeté lynchienne, accentuée par la lenteur des tempos ou des réverbérations de guitare que ne renierait pas Chris Isaak. Proches aussi des atmosphères suspendues chères à Cigarettes After Sex ou Richard Hawley, leurs ballades dégagent un intimisme idéal pour la célébration de leur bonheur conjugal.

« Songs of The Saxophones », de The Saxophones (Full Time Hobby/Pias), sortie le 1er juin. En concert le 19 mai au Pop-Up du Label, 14, rue Abel, Paris 12e.