L’échéance est fixée à la semaine prochaine. Les populistes italiens ont assuré, jeudi 17 mai au soir, qu’ils soumettraient lundi au président de la République Sergio Mattarella le programme du premier gouvernement antisystème en Italie, un « contrat » auquel ils mettaient, disent-ils, la dernière main.

« Je suis fier du temps, des jours et des nuits passées, non pas à parler de ministres mais de l’avenir de l’Italie. Lundi, nous irons chez M. Mattarella et nous lui soumettrons notre travail », a déclaré le chef de file de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini, en déplacement dans le Val d’Aoste où se dérouleront dimanche des élections régionales.

« Je suis très confiant, nous avons créé la base du gouvernement et le nom du premier ministre ne sera pas un problème », a pour sa part assuré Luigi Di Maio, son homologue du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème), depuis Monza où il rencontrait des entrepreneurs. Il était attendu lui aussi vendredi dans le Val d’Aoste, région autonome à statut spécial.

Des ébauches du contrat ont fuité

Deux mois et demi après les législatives du 4 mars, qui n’ont pas débouché sur une majorité claire, les deux hommes se sont réunis une énième fois jeudi à Rome pour tenter de s’accorder sur les ultimes arbitrages de leur programme commun et sur le profil et le nom du futur chef du gouvernement. Ce dernier point est encore en suspens.

« Ce ne sera ni moi, ni M. Di Maio. J’aurais été heureux et cela aurait été un honneur mais nous sommes en train de chercher une synthèse », a tranché Matteo Salvini, même si, jeudi, les « 5 Etoiles » n’avaient pas totalement abandonné l’idée de voir leur leader prendre les rênes du futur exécutif.

Leur « contrat pour le gouvernement du changement » comporte 22 points et plusieurs ébauches du document ont fuité ces derniers jours dans la presse. Mais les responsables des deux formations assurent que ces versions sont « dépassées ».

Inquiétudes

La plus ancienne, qui date de lundi matin et évoque une sortie de l’euro, a déclenché une vague d’inquiétude qui n’est pas retombée. Après avoir plongé de 2,3 % mercredi, la Bourse de Milan a clôturé en baisse de 0,29 % jeudi.

Par ailleurs, l’éventualité d’un « Italexit » n’apparaît plus noir sur blanc dans les dernières versions du programme publiées jeudi par les médias italiens. Exit aussi la demande d’effacer quelque 250 milliards d’euros de dette publique italienne détenus par la Banque centrale européenne.

Toujours à l’ordre du jour en revanche : une « flat tax » ; un impôt sur le revenu ramené à 15 et 20 % ; un revenu de citoyenneté, promesse du M5S qui a contribué à son succès dans le sud du pays ; et une réforme des retraites assouplissant les conditions actuelles. Alors que l’âge du départ à la retraite doit passer à 67 ans en 2019, le programme commun devrait introduire un « barème 100 », à savoir la possibilité de prendre sa retraite lorsque la somme de l’âge et des années de cotisation atteint 100.

L’ensemble de ces mesures pourrait coûter plusieurs dizaines de milliards d’euros, sans que l’on sache encore avec précision comment leur financement pourra être assuré. MM. Di Maio et Salvini ont promis que le programme commun serait soumis au vote des militants des deux formations, sur internet pour le M5S – dès vendredi selon certains médias – et sur des stands à travers le pays pendant le week-end pour la Ligue.