La victoire de Moqtada Al-Sadr ne peut plus être contestée. Le dirigeant populiste chiite, qui a scellé une alliance inédite avec les communistes au sein de la coalition Sairoun (« en marche »), est arrivé en tête des législatives en Irak, comme le confirment les résultats définitifs du scrutin annoncés dans la nuit de vendredi 18 à samedi 19 mai par la commission électorale. Leur publication avait été retardée par des soupçons de fraude au Kurdistan irakien et dans la province de l’Anbar.

En deuxième position se trouve la liste des anciens du Hachd al-Chaabi, supplétif crucial de l’armée contre le groupe Etat islamique (EI). Quant à celle du premier ministre Haider al-Abadi, soutenu par la communauté internationale, elle arrive en troisième position.

De difficiles alliances

Dans un système calibré pour parcelliser le Parlement, les négociations pour une coalition gouvernementale ont débuté dès la fin du vote, il y a une semaine.

A l’issue du scrutin du 12 mai marqué par une abstention record avec 44,52% de participation, la liste La marche pour les réformes, une alliance inédite entre l’influent leader nationaliste chiite et les communistes, remporte 54 sièges dans le nouveau Parlement. L’Alliance de la Conquête, du Hachd, compte 47 futurs députés, tandis que l’Alliance de la Victoire, emmenée par M. Abadi, elle, en compte 42.

Même arrivée en tête, la liste de Moqtada Sadr est loin d’être assurée de gouverner l’Irak pour les quatre prochaines années. L’Iran a déjà envoyé un émissaire à Bagdad, l’influent général Ghassem Soleimani, qui a rassemblé les forces chiites conservatrices pour leur opposer un veto à toute alliance avec Moqtada Sadr. Celui-ci est issu d’une lignée de dignitaires religieux, opposants respectés, qui provoquent régulièrement Téhéran en prônant une défense sourcilleuse de l’indépendance politique de l’Irak.