Un étudiant arborant une pancarte « S’il n’y a pas de justice pour le peuple, qu’il n’y en ait pas pour le gouvernement » durant une manifestation dans la capitale nicaraguayenne, Managua, le 18 mai 2018. / DIANA ULLOA / AFP

48 heures pour que la tension retombe, mais cela sera-t-il suffisant ? Le gouvernement nicaraguayen de Daniel Ortega et l’opposition ont conclu vendredi une trêve de deux jours, effective samedi et dimanche selon une source ecclésiastique. Cette pause dans les affrontements a lieu après un mois de manifestations contre le chef de l’Etat qui ont fait 63 morts et quelque 500 blessées, selon le dernier bilan des ONG.

Le gouvernement s’est engagé à retirer des rues les troupes « anti-émeutes, groupes de choc et sympathisants », responsables selon les manifestants des morts et des blessés, selon un communiqué de la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN), qui fait office de médiateur. De leur côté, les opposants, qui maintiennent leurs opérations de blocage des rues, devront s’efforcer de « favoriser les meilleures conditions possibles pour le dialogue et la reprise de la circulation ».

L’église catholique a joué les médiateurs dans ces discussions ouvertes mercredi dans un climat tendu et auxquelles participent le mouvement étudiant, les entrepreneurs et des représentants de la société civile qui réclament le départ du chef de l’Etat. L’accord conclu après neuf heures de discussions était le meilleur possible pour parvenir à un climat apaisé entre tous les Nicaraguayens et pour garantir la liberté de manifester pacifiquement et sans répression estime l’évêque auxiliaire de Managua, Silvio Baez.

Des manifestants se dressent sur un monument en l’honneur du triple champion du monde de boxe Alexis Arguello, dans la capitale nicaraguayenne Managua, le 18 mai 2018. / OSWALDO RIVAS / REUTERS

L’annonce de cette trêve, qui sera effective samedi et dimanche, intervient alors que la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) a commencé vendredi 18 mai sa mission au Nicaragua en demandant au gouvernement du président Daniel Ortega de « cesser immédiatement » la répression.

La CIDH a condamné « les morts, les disparitions et détentions arbitraires de manifestants, activistes et journalistes enregistrées dans le pays depuis le début des protestations », a-t-elle ajouté. « Nous appelons les autorités à enquêter sur ces faits, juger et sanctionner les responsables et indemniser les victimes », a demandé la commission. Alors que la CIDH entamait sa mission au Nicaragua, de nouveaux affrontements avaient lieu entre les forces de l’ordre et les manifestants dans la ville de Jinotega (nord).

Une vague de contestations a saisi le Nicaragua le 18 avril à l’annonce d’une réforme des retraites, abandonnée depuis. Les étudiants étaient eux aussi sortis dans la rue pour protester. La brutalité des forces de l’ordre, condamnée par la communauté internationale, a rapidement incité de nombreux autres habitants à rejoindre le mouvement, qui dénonce plus généralement la confiscation du pouvoir par le président Ortega, 72 ans, un ex-leader de la révolution sandiniste (1979) au pouvoir de 1979 à 1990 puis depuis 2007.