Manifestation de l'intersyndicale au premier jour de grève nationale des cheminots contre le projet de réforme de la SNCF. Entre Gare de l'Est et Gare Saint-Lazare à Paris, mardi 3 avril 2018 / Jean-Claude Coutausse

Qu’importent les propos rassurants du secrétaire d’Etat à la fonction publique, Olivier Dussopt, affirmant dans Libération, lundi 21 mai, que le gouvernement ne remettra pas en cause le statut des fonctionnaires, seulement « des ajustements, une modernisation ».

Pour les syndicats de fonctionnaires, la simplification du dialogue social, l’extension du recours aux contractuels, la part accrue de rémunération au mérite et l’accompagnement des mobilités de carrière, y compris vers le secteur privé… sont autant de causes de mécontentement pour lesquels ils comptent se faire entendre, mardi 22 mai, lors de la troisième journée de grève et de manifestations depuis le début du quinquennat.

Entre 130 et 140 manifestations sont prévues partout en France. A Paris, le cortège partira à 14 heures de la place de la République pour rejoindre la place de la Nation. Les leadeurs de la CGT, de Force ouvrière (FO) et de la CFDT défileront ensemble pour la première fois depuis 2010, lors de la contestation contre la réforme des retraites.

Outre Philippe Martinez, Pascal Pavageau et Laurent Berger seront également présents Luc Bérille (UNSA), François Hommeril (CFE-CGC) et Philippe Louis (CFTC). « Ils seront tous sur la ligne de tête », se réjouit Bernadette Groison (FSU). « Grâce à la fonction publique, toutes les organisations syndicales de ce pays seront ensemble », s’est-elle félicitée. « Ça signifie qu’effectivement les enjeux sont très lourds ».

Cette journée de mobilisation entraînera des perturbations dans les crèches ou les écoles mais aussi dans les vols, l’énergie, la santé ou à Pôle emploi.

  • Petite enfance, éducation

L’accueil des tout-petits dans les crèches — un service municipal ou départemental, hormis les établissements privés — sera perturbé, avec des horaires d’ouverture restreints ou des fermetures partielles ou totales.

Côté maternelles et écoles primaires, le principal syndicat du secteur, le Snuipp-FSU, table sur une participation équivalente à celle de la précédente journée de mobilisation, le 22 mars, à savoir quelque 20 % de grévistes. Que les professeurs fassent cours ou non, accueils périscolaires et cantines seront chahutés.

Dans les collèges et lycées, le mouvement « devrait être suivi, mais il y a une petite interrogation au lycée car plusieurs mardis ont déjà sauté et il y a un programme à terminer avant les révisions du bac », souligne Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU.

  • Transports ferroviaires, aériens, routiers

Si le prochain épisode de grève à la SNCF à l’appel des syndicats CGT, UNSA et CFDT ne débute que mardi soir, SUD-Rail, qui a déposé un préavis de grève illimitée, appelle ses troupes à se mobiliser mardi avec les fonctionnaires. Localement, des cheminots se joindront aux cortèges.

Dans les airs, des syndicats de contrôleurs aériens appellent à la grève sur des revendications d’effectifs, face à un trafic en hausse, de conditions de travail et de pouvoir d’achat. La Direction générale de l’aviation civile a recommandé aux compagnies aériennes de réduire de 20 % leur programme de vols à Orly, Lyon et Marseille.

Sur la route, la fédération FO transports et logistique, qui menace par ailleurs d’un conflit à partir du 3 juin pour des sujets propres aux routiers, appelle à la mobilisation pour soutenir « sans réserve les luttes » des fonctionnaires et des cheminots.

  • Energie

Des turbulences sont à attendre dans le secteur où les quatre fédérations représentatives — CGT, CFE-CGC, CFDT et FO — appellent toutes à la grève pour la défense du service public de l’électricité. Elles citent par exemple les menaces qui pèsent sur le statut des salariés des industries électriques et gazières ou les barrages hydrauliques.

Un appel qui pourra se traduire par des baisses de la production électrique, le passage en heures creuses pour les usagers ou des coupures de courant.

  • Santé, action sociale

Les personnels des hôpitaux et des services sociaux seront sans doute encore nombreux dans les défilés pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Mais la « continuité des soins » sera assurée du fait de la possibilité d’assigner les grévistes.

  • Autres services publics

Sur fond de rumeurs autour de l’éventuelle réduction de 4 000 postes dans les trois prochaines années, les conseillers Pôle Emploi sont appelés à faire grève par huit syndicats qui jugent « inconcevable de supprimer des postes alors même que nous n’arrivons pas à accompagner tous les demandeurs d’emploi ».

A Météo France, les personnels seront mobilisés eux aussi contre les suppressions de poste. Postiers, salariés de la culture et de l’audiovisuel public, personnels territoriaux dans les médiathèques seront aussi dans les rues.