L’Italie devrait connaître dans la journée du lundi 21 mai le nom du nouveau président du Conseil, ainsi que la composition du gouvernement, né de l’alliance de deux partis populistes, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles (M5S).

  • Suspense autour du nom du futur chef de gouvernement

Le patron de la Ligue (droite souverainiste) a annoncé, dimanche, un accord sur la composition du prochain gouvernement italien avec le mouvement anti-système M5S, qui doit être soumise, lundi, au président de la République, Sergio Mattarella.

« Nous nous sommes mis d’accord sur le chef et les ministres du gouvernement et nous espérons que personne ne mettra de veto sur un choix qui représente la volonté de la majorité des Italiens », a annoncé Matteo Salvini, en précisant que ni lui ni Luigi Di Maio, chef de file du M5S, ne seraient président du Conseil.

Chacun des deux rêvait pourtant de diriger le premier gouvernement anti-système d’un pays fondateur de l’Union européenne (UE). Mais une féroce lutte d’égo et des scores individuels insuffisants aux législatives les ont forcés à choisir une tierce personne. Selon la presse italienne, ils pourraient néanmoins se réserver des maroquins de choix : le ministère de l’intérieur pour M. Salvini et un grand ministère du développement économique, incluant le travail, pour M. Di Maio.

Pour le poste très prisé de chef du gouvernement, la presse parie sur Giuseppe Conte, 54 ans, un juriste quasi inconnu en Italie, qui enseigne le droit privé à Florence et à Rome, spécialiste de la justice administrative. Le nom d’Andrea Roventini, 41 ans, un jeune économiste enseignant à l’université de Pise, est également cité. Tout comme celui de Paolo Savona, 81 ans, qui fut ministre de l’industrie en 1993-1994 et qui s’est toujours opposé au traité de Maastricht, présenté dans le programme commun comme le début de la dérive de l’UE.

  • Un programme approuvé par les sympathisants des deux partis

La Ligue et le M5S avaient dévoilé vendredi un « contrat de gouvernement » qui tourne le dos à l’austérité et aux « diktats » de Bruxelles et promet la plus grande fermeté contre la corruption, toutes les formes de délinquance et l’immigration.

Les sympathisants de la Ligue ont apporté , le 20 mai, leur soutien au contrat de gouvernement établi avec Mouvement Cinq étoiles. / MIGUEL MEDINA / AFP

Dimanche, une large majorité de sympathisants de la Ligue (91 %) a apporté son soutien au contrat de gouvernement établi entre la formation droitière et le M5S. Ce dernier, arrivé en tête des élections législatives du 4 mars, avait organisé vendredi une consultation similaire sur Internet, et a également obtenu un très large soutien.

Le document prévoit notamment une réduction des prélèvements fiscaux de plusieurs milliards d’euros, une augmentation des dépenses publiques en faveur des défavorisés et l’abandon d’une réforme impopulaire des retraites.

  • Passe d’armes avec le gouvernement français

Le patron de La Ligue, Matteo Salvini, a jugé dimanche « inacceptables » les avertissements du ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, inquiet pour la stabilité de la zone euro.

« Un ministre français avertit le futur gouvernement : Ne changez rien ou il y aura des problèmes. Encore une invasion de terrain inacceptable », a tweeté dimanche M. Salvini. « Je n’ai pas demandé les votes et la confiance pour continuer sur la route de la pauvreté, de la précarité et de l’immigration : les Italiens d’abord ! », a ajouté le chef de la Ligue.

« Que les Français s’occupent de la France et ne mettent pas leur nez dans les affaires des autres », a-t-il encore lancé à la presse dimanche après-midi, devant l’un des stands où la Ligue avait invité ses sympathisants à se prononcer sur l’accord de gouvernement conclu avec le M5S. « Parlons plutôt de Vintimille et des migrants arrêtés à la frontière » en provenance de l’Italie, a-t-il ajouté.