« L’esprit persan a résisté à toutes les blessures », confie l’architecte et designer française d’origine irano-égyptienne.

Comment expliquez-vous que l’Iran soit devenu une destination touristique ?

L’Iran a conservé une forte identité, en partie à cause de son isolement politique. Il y a énormément de choses à voir, et les Iraniens possèdent un sens de l’hospitalité très oriental mais aussi une humanité et une civilité qui sont rares aujourd’hui. Dans la capitale, où les embouteillages font qu’on ne peut prendre qu’un seul rendez-vous par jour, on apprend aussi un autre rapport au temps…

Entre rugosité et douceur, le Téhéran que vous photographiez est une ville de paradoxes.

C’est une ville où l’Orient et la culture post-pop se mêlent, comme dans un jeu. Sur l’avenue Valiasr, j’aime cet escalier dont les fresques florales en céramique tranchent avec les lignes du béton. Téhéran est dans cette juxtaposition de bouquets et de lignes sévères, comme si l’esprit du jardin persan, avec ses fontaines et sa végétation, avait résisté à toutes les blessures, telle l’âme des habitants de Téhéran.

L’avenue Valiasr, à Téhéran. / India Mahdavi

Qu’est-ce qui, là-bas, résonne avec votre travail ?

Les nougats à la pistache et l’eau de rose, le bazar de Tajrish et la splendeur du palais du Golestan, mais aussi la grisaille et sa débâcle de constructions. Toutes ces saveurs, ces visions, ces souvenirs m’émeuvent, m’inspirent par leur désordre, leurs contrastes, leurs juxtapositions. Téhéran a écrit sa propre harmonie qui laisse entrevoir des associations peu probables ouvrant l’appétit de l’imaginaire.

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« Téhéran », d’India Mahdavi. Éditions be-pôles, collection « Portraits de villes », 64 p., 20 €. En librairie le 22 mai.