Le président vénézuélien réélu Nicolas Maduro et sa femme Cilia Flores saluent les supporteurs après le résultat des élections, le 20 mai, à Caracas. / JUAN BARRETO / AFP

Nicolas Maduro a été réélu à la présidence du Venezuela, a annoncé dimanche 20 mai la commission électorale, après que le principal concurrent du président sortant a dénoncé des irrégularités et déclaré qu’il ne reconnaîtrait pas le résultat du scrutin.

Le chef de l’Etat sortant a été déclaré vainqueur de la présidentielle par l’autorité électorale, avec près de 70% des suffrages, après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins de vote. Le président socialiste sortant remporte 67,7% des voix contre 21,2% à son principal adversaire Henri Falcon, qui a rejeté le processus électoral, a annoncé la présidente du Conseil national électoral (CNE) Tibisay Lucena, qui parle d’une « tendance irréversible ».

Le taux de participation - véritable enjeu d’un scrutin sans supense - est de 46,1%, a annoncé la commission électorale. En 2015, lors de la précédente élection présidentielle, le taux de participation officiel avait été de 80%.

Nicolas Maduro, 55 ans, qui se présente comme le « fils » du charismatique Hugo Chavez décédé en 2013, assure faire face à un complot « impérialiste » dont l’enjeu serait les ressources pétrolières vénézuéliennes. Ses détracteurs, qui se disent victimes d’une campagne de répression politique, le tiennent pour seul responsable de la ruine économique d’un pays autrefois florissant.

Un scrutin rejeté par toute l’opposition

La majeure partie de l’opposition avait appelé au boycott de l’élection, la décrivant comme le « couronnement » d’un dictateur, alors que les deux principaux rivaux de Nicolas Maduro ont été déclarés inéligibles.

Seul concurrent sérieux du président sortant, Henri Falcon, qui espérait que la colère des Vénézuéliens contre la crise économique lui apporterait des voix, a déclaré après la fermeture des bureaux de vote, et avant l’annonce des résultats officiels, qu’il ne reconnaîtrait pas l’issue du scrutin à cause d’irrégularités.

« Nous ne reconnaissons pas ce processus électoral, qui manque indubitablement de légitimité », a déclaré l’ancien gouverneur de l’Etat de Lara, qui a rejoint l’opposition en 2010. Henri Falcon a demandé l’organisation d’un nouveau scrutin. Le troisième candidat à l’élection, le pasteur évangélique Javier Bertucci, s’est joint ensuite à cette demande.

Les tentes rouges de la discorde

A l’occasion du scrutin, le gouvernement avait mis en place environ 13 000 zones dites « points rouges » près des bureaux de vote. Des stands où les Vénézuéliens pouvaient scanner les « cartes de la patrie » délivrées par l’Etat et recevoir ainsi de la nourriture et de l’argent. Une manière de convaincre les Vénézuéliens appauvris de soutenir le gouvernement Maduro, ont estimé des détracteurs. Des accusations rejetées par les pro-Maduro.

Plusieurs fonctionnaires ont par ailleurs déclaré avoir été contraints de voter, tandis que des activistes pro-gouvernementaux se tenaient près de certains bureaux de vote afin, ont-ils dit, d’aider les électeurs.

La réélection du dirigeant socialiste risque aussi de se traduire par un alourdissement des sanctions internationales. Les Etats-Unis ont annoncé dimanche qu’ils ne reconnaîtraient pas le résultat de l’élection et ont menacé d’instaurer des sanctions pétrolières au Venezuela.

La crise au Venezuela expliquée en quatre minutes
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