Les forces de sécurité burkinabées ont lancé, dans la nuit du lundi 21 mai, un assaut contre une villa de Ouagadougou où des djihadistes présumés se seraient cachés. Trois assaillants ont été tués ainsi qu’un gendarme burkinabé, selon les autorités.

Un officier de gendarmerie sur place a déclaré, sous couvert d’anonymat, que « trois gendarmes ont été blessés au cours de cette opération qui a duré de 3 heures à 7 heures du matin ». Il a précisé qu’elle avait été lancée après la communication de « renseignements » sur la présence de djihadistes présumés dans cette villa située à la périphérie sud-ouest de la capitale du Burkina, éprouvée à trois reprises par des attaques terroristes depuis 2015.

Des « tirs intenses »

Un journaliste de l’AFP a vu deux corps devant la villa et un troisième dans la cour de la maison criblée de balles. Un riverain, Issiaka Ilboudo, dont la maison se situe en face de la villa où étaient logés les djihadistes présumés, a fait part de « tirs intenses ». « C’est autour de 3 heures du matin que nous avons entendu des bruits. Des personnes couraient sur le toit des maisons. Ensuite, on a entendu des tirs qui duraient parfois 30 à 45 minutes avant de s’arrêter et de reprendre. »

Un autre riverain, Pascal Lengani, a déclaré que la villa est « une construction nouvelle qui a été mise en location en juillet dernier », mais personne, selon lui, n’en connaît les habitants. « On ne connaît pas le nombre de personnes qui habitaient la villa. Personne n’a dormi de la nuit à cause des tirs intenses. Le quartier Rayongo a été bouclé, il était donc impossible d’aller au travail », a-t-il dit.

La procureure du Burkina s’est rendue sur place sans faire de déclarations. Le ministre burkinabé de la sécurité devait s’exprimer dans une conférence de presse.

133 morts en 80 attaques

Longtemps épargné par les groupes armés actifs au Sahel, le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières. Ouagadougou a été visée depuis cette date par trois attaques djihadistes, qui ont fait au total près de 60 morts. La dernière, en mars 2018, contre l’état-major général des armées burkinabées et l’ambassade de France, a fait huit morts et 85 blessés.

Le nord du Burkina Faso, frontalier du Mali, connaît régulièrement des enlèvements et des attaques perpétrés par des groupes djihadistes contre des représentants de l’Etat (gendarmeries et écoles notamment). Un bilan officiel y fait état de 133 morts en 80 attaques. Sous-équipées, les forces de sécurité ont du mal à faire face. Ces derniers mois, une centaine de personnes ont été interpellées et des engins explosifs ont été découverts au cours d’opérations de ratissage dans l’est et le nord du pays.

Une force baptisée G5 Sahel, associant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, a été constituée pour lutter contre les groupes djihadistes qui restent très actifs au Sahel. Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida, qui ont été chassés par une intervention militaire française en janvier 2013. Mais des zones entières du Mali échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques qui se sont étendues au Burkina Faso et au Niger.