Le directeur du FBI, Christopher Wray (au premier plan) à sa sortie de la réunion à la Maison Blanche, le 21 mai à Washington. / Evan Vucci / AP

Manœuvre de diversion ou allégations fondées ? Depuis plusieurs jours, Donald Trump multiplie les attaques contre l’enquête russe du procureur spécial Robert Mueller en accusant les services de renseignement de l’ère Obama d’avoir voulu commettre un « assassinat politique » en infiltrant son équipe de campagne. Et le président américain a obtenu gain de cause.

Le département de la justice américain a accepté, lundi 21 mai, d’élargir son enquête sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016 à « d’éventuelles irrégularités » du FBI vis-à-vis de l’équipe de Donald Trump, a annoncé la porte-parole de la Maison blanche. L’accord a été conclu lors d’une réunion entre le président, le procureur général adjoint Rod Rosenstein et le directeur du FBI, Christopher Wray, a précisé Sarah Sanders.

Depuis des mois, le camp républicain tente d’affaiblir Robert Mueller en dénonçant une politisation des enquêteurs. Il demande aussi la fin rapide des investigations, craignant qu’elles puissent avoir une influence sur les élections parlementaires de novembre. Donald Trump fustige inlassablement l’enquête sur une éventuelle collusion entre son équipe de campagne et des agents russes comme une « chasse aux sorcières ».

En ligne de mire, les élections de mi-mandat

Pour le président, il s’agit de convaincre les électeurs que les démocrates, qui ne peuvent supporter d’avoir perdu l’élection, ont pour seul objectif d’engager une procédure de destitution contre lui, alors qu’une majorité des Américains y est opposée. « C’était un assassinat politique, pas une enquête du renseignement », a écrit lundi M. Trump sur Twitter, en reprenant les accusations d’un commentateur de Fox News, Dan Bongino.

Ce dernier accusait directement John Brennan, patron de la CIA sous l’administration Obama et fervent opposant à M. Trump, d’être à l’origine de l’enquête russe ouverte à l’été 2016 par les services de contre-espionnage du FBI. La semaine dernière, la presse a révélé qu’un informateur de la CIA basé en Grande-Bretagne avait rencontré des membres de l’équipe du candidat Trump. L’informateur travaillait dans le cadre de cette enquête.

« Si quelqu’un a infiltré ou surveillé des participants à une campagne électorale pour de mauvais objectifs, nous devons le savoir et répondre de la bonne façon », a renchéri dans un communiqué le ministre adjoint de la justice, Rod Rosenstein.

Cette contre-enquête, qui sera menée par l’inspecteur général du ministère, devra notamment « déterminer s’il y a eu des irrégularités ou une motivation politique dans l’enquête du FBI sur les personnes suspectées d’avoir eu des liens avec des agents russes qui ont interféré dans l’élection », a précisé dans un communiqué séparé la porte-parole du ministère, Sarah Isgur Flores.

Une enquête qui touche à sa fin

Un an après son ouverture, le 17 mai 2017, l’enquête du procureur spécial touche le premier cercle du milliardaire. De nombreux proches et collaborateurs ont été interrogés, et quatre d’entre eux ont été inculpés pour des délits financiers ou autres, qui ne sont pas directement liés à une éventuelle collusion. Jusqu’ici, aucune preuve concrète d’une collaboration entre l’équipe de M. Trump et le gouvernement russe n’a été démontrée.

Pour forcer le destin, l’avocat de M. Trump, Rudy Giuliani, a affirmé dimanche que le procureur Mueller souhaitait conclure son enquête d’ici au 1er septembre, afin de ne pas interférer avec le scrutin de mi-mandat. Mais ce délai est subordonné à la condition que le procureur spécial interroge le président à la mi-juillet. M. Trump s’est dit prêt à répondre aux questions des enquêteurs, mais aucune date n’a encore été fixée.