L’archevêque Wilson, qui a démenti toute les charges, à son arrivée au tribunal de Newcastle en Australie, le 22 mai. / PETER LORIMER / AAPIMAGE

Il s’agit de l’un des ecclésiastiques les plus haut placés dans la hiérarchie de l’Eglise catholique dans le monde à être poursuivi avec succès dans un tel dossier. L’archevêque d’Adélaïde, Philip Wilson, 67 ans, a été reconnu coupable mardi 22 mai d’avoir caché dans les années 1970 des agressions pédophiles commises par le père Jim Fletcher, dans la région d’Hunter, en Nouvelle-Galles du Sud, en s’abstenant de dénoncer les accusations portées contre le prêtre.

L’archevêque Wilson a démenti toutes les charges. Ses défenseurs avaient tenté par quatre fois d’obtenir l’abandon des poursuites, faisant valoir que l’Alzheimer dont est atteint l’ecclésiastique devait lui éviter un procès, même s’il a été maintenu dans ses fonctions au sein de l’Eglise.

Il encourt jusqu’à deux ans de prison. La sentence sera prononcée ultérieurement. Le fait que Jim Fletcher, aujourd’hui défunt, ait commis des abus sexuels sur Peter Creigh, un enfant de chœur, n’est pas contesté. Le tribunal tentait de déterminer si Philip Wilson, alors jeune prêtre, en avait été informé.

« Dans la gueule du loup »

Le tribunal a déclaré qu’il ne pouvait accepter que l’archevêque ne se souvienne pas d’une conversation avec la victime en 1976 dans laquelle cette dernière avait décrit les agressions par le menu. Peter Creigh, qui s’est effondré en sanglots à l’énoncé du jugement, « n’avait aucune raison ou aucun intérêt à inventer cette conversation », a estimé la cour, selon le groupe de médias Australian Broadcasting Corporation.

Peter Gogarty, autre victime de Fletcher, a déclaré à ABC News qu’il espérait que le jugement « ouvre la voie à d’autres juridictions pour qu’elles tentent de poursuivre les gens qui ont délibérément cherché à protéger leur institution et ont littéralement jeté les enfants dans la gueule du loup ».

Nouveau coup dur pour le pape

Le jugement est un nouveau coup dur pour le pape François après la démission de l’ensemble de la hiérarchie catholique chilienne dans le cadre d’un énorme scandale de pédophilie et d’omerta.

En 2012, l’Australie avait ordonné une enquête nationale sur les réponses institutionnelles apportées aux abus sexuels commis sur des enfants. Elle avait recueilli des témoignages éprouvants de milliers de victimes d’abus pédophiles dans les églises, les orphelinats, les clubs de sport, les organisations de jeunesses et les écoles.