Le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a annoncé mercredi 23 mai l’organisation, « à bref délai », d’une évacuation des plus de 2 300 migrants vivant dans des campements à Paris. Il a donné ses consignes pour une opération conciliant « mise à l’abri » mais aussi « contrôles administratifs », explique la Place Beauvau dans un communiqué très sec envers la ville de Paris.

Gérard Collomb « prend note du refus de la ville de demander l’évacuation de son domaine public, ce qu’il regrette », et il a par conséquent demandé au préfet de police « de pallier cette carence en vue de procéder à l’opération », qui devra concilier « les exigences de la mise à l’abri et de l’application du droit des étrangers »

Aujourd’hui les campements posent des « enjeux humanitaires » qui « ne sont plus supportables pour les Parisiens », selon le ministère, pour qui, « dans la préparation de cette opération, le rôle de la Ville de Paris sera essentiel, car si les campements se reconstituent, cette 35e opération n’aura servi à rien ». « Cette situation se répétera indéfiniment si des mesures ne sont pas prises par les autorités locales pour éviter que les campements ne se reconstituent », ajoute encore le ministère.

1 600 personnes près du canal Saint-Denis

Deux campements grossissent depuis des mois dans le nord-est de Paris, notamment près du canal de Saint-Denis, ou environ 1 600 personnes vivent dans des conditions alarmantes. La récente noyade d’un migrant dans le canal Saint-Martin a aggravé les inquiétudes, mais la ville et le gouvernement peinent à s’entendre sur les modalités d’une évacuation, la Place Beauvau insistant sur la nécessité d’une demande en bonne et due forme que la mairie refuse, arguant que cela n’a jamais été nécessaire lors des précédentes opérations.

Lire aussi la tribune de deux responsables de Médecins du Monde : Migrants à Paris : « l’illustration de la faillite de l’Etat »

Gérard Collomb met aussi en cause, de manière à peine voilée, l’effort de la ville en matière d’hébergement, affirmant que « 40 % de la demande d’asile française » se porte sur l’Ile-de-France, mais que Paris ne compte « que 2 % des places d’hébergement pour demandeurs d’asile ».

Lors des précédentes opérations, « les personnes évacuées le sont déjà vers la périphérie parisienne ou dans des départements qui accueillent déjà de nombreux demandeurs d’asile », ajoute le ministère. « Il convient donc de penser le problème parisien dans une logique d’ensemble qui permette de faire respecter la loi républicaine en matière d’asile et d’immigration », poursuit-il.

En clair, cela signifie « pouvoir accueillir celles et ceux qui peuvent bénéficier de la protection » de la France mais aussi « éloigner ceux qui n’ont pas vocation à rester sur le territoire national », et dans cette optique « un certain nombre de contrôles administratifs » auront lieu à l’occasion de l’opération, avertit le ministère.