Une lycéenne regarde, avec appréhension, le site Parcoursup. / DENIS CHARLET / AFP

Si ce n’est pas une surprise, le chiffre apparaît néanmoins élevé, du moins pour les principaux intéressés : quelque 400 000 candidats se retrouvent sans proposition à l’entrée de l’enseignement supérieur, mardi 22 mai, à la publication des premiers résultats d’admission sur Parcoursup. Sur le réseau social Twitter, tout au long de la soirée, une avalanche de messages traduisait déjà la déception de certains lycéens et étudiants en réorientation, ou parfois leur satisfaction.

« Plus de la moitié » des 812 000 candidats ont découvert, en se connectant sur la nouvelle plateforme à partir de 18 heures, une réponse favorable de la part d’au moins l’une des formations à laquelle ils avaient postulé. La proportion a été annoncée par la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Pour les autres, c’est donc l’attente qui a démarré ce 22 mai.

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Ce nombre de candidats sans proposition dans l’enseignement supérieur est voué à évoluer fortement dans les prochains jours. On ne cesse de le répéter du côté du ministère, cette date ne doit aucunement apparaître comme « fatidique » pour cette procédure mise en place pour la première fois cette année. La loi ORE (Orientation et réussite des étudiants), adoptée en mars dernier, a changé les règles du jeu : la procédure est désormais « progressive » et « continue ». « Les lycéens qui auront des propositions en accepteront certaines, en refuseront d’autres et donc libéreront des places », a expliqué mardi matin Frédérique Vidal sur France Inter. Au moins une réponse positive sera apportée aux deux tiers des candidats d’ici le début du bac, assure le ministère, et à 80 % en juillet.

Il n’empêche, la question reste particulièrement sensible. En 2017, ces 80 % de candidats ayant reçu au moins une proposition dans un cursus avaient été atteints dès la première phase de la procédure APB (Admission post-bac), début juin. Difficile d’oublier l’émoi provoqué alors par ces quelque 156 000 jeunes en attente au début d’APB, qui, avec le « scandale » du tirage au sort en licence, ont joué un rôle non négligeable dans la réforme menée tambour battant par le nouveau gouvernement, appliquant dès 2018 la promesse du candidat d’En Marche d’instaurer des prérequis à l’entrée des universités.

Pas de hiérarchisation des vœux

Dès octobre 2017, la Cour des comptes a alerté sur les possibles conséquences du changement de règles. Sans la mise en œuvre de l’algorithme d’APB sur l’année 2016, ce sont 300 000 jeunes qui se seraient retrouvés sans proposition en début de procédure, a évalué l’institution de la rue Cambon. Entre-temps, l’arrivée des étudiants du boom démographique des années 2000 aux portes de l’enseignement supérieur s’est poursuivie, avec près de 40 000 jeunes de plus à la rentrée dernière, et un chiffre au moins similaire attendu en 2018.

Pour expliquer le nombre important de ces candidats en attente, il faut surtout prendre en compte l’une des nouveautés de Parcoursup : outre le tri inédit des dossiers des candidats à l’entrée de l’université, il n’a pas été demandé aux lycéens de classer leurs vœux par ordre de préférence. Auparavant, ce classement permettait à l’algorithme d’APB de leur proposer automatiquement une seule formation, la plus haute possible, libérant immédiatement leurs autres vœux pour d’autres candidats.

Plusieurs garde-fous ont néanmoins été mis en place cette année pour tenter d’accélérer les réponses des candidats. Ils auront tout d’abord un délai pour répondre – une semaine jusqu’au 26 juin, puis trois jours, puis 24 heures à partir du 21 août. S’ils reçoivent plusieurs propositions, ils ne peuvent en accepter qu’une seule, tout en maintenant s’ils le souhaitent les vœux sur lesquels ils ont été placés « en attente ». Autre moyen de libérer des places au plus vite : les élèves qui seront acceptés dans les 15 % de formations qui recrutent en dehors de Parcoursup (Instituts d’études politiques, écoles d’infirmières, etc.) devraient avoir à fournir à celles-ci un justificatif attestant qu’ils se sont bien désinscrits de la plate-forme.

Un dernier outil est mis en avant par le ministère pour accompagner les candidats sans proposition : des commissions d’accès à l’enseignement supérieur, pilotées par le rectorat de l’académie, peuvent être saisies dès aujourd’hui par ceux qui n’ont obtenu que des réponses négatives – une situation qui concerne les lycéens qui n’ont émis des vœux que vers des filières sélectives (BTS, DUT, classe prépa). Cette commission va tenter de leur trouver une place dans une formation au plus près de leurs souhaits. Après le bac, les candidats toujours « en attente », également sur des licences universitaires pourront requérir, eux aussi, cette aide.