Michael Rotondo, à la Cour suprême de l’Etat de New York, le 22 mai 2018. / Douglass Dowty / AP

Dans la comédie Tanguy, sortie en 2001, André Dussollier et Sabine Azéma incarnaient un couple prêt à tout pour décourager leur fils adulte, prénommé Tanguy, de continuer à vivre avec eux au domicile familial. Des coupures de courant à la violence physique, le duo de fiction avait pensé à tout, sauf à se tourner vers la justice.

C’est pourtant la méthode que vient d’utiliser, avec succès, un véritable couple d’Américains, Mark et Christina Rotondo, qui ont obtenu l’ordre d’éviction de leur fils, Michael Rotondo, devant la Cour suprême de l’Etat de New York, où ils résident.

Comme le relate la presse locale, reprise par le journal britannique The Guardian, le couple a d’abord notifié à leur fils, revenu vivre chez eux il y a huit ans, leur désir de le voir quitter le domicile familial.

Dans une première lettre, datée du 2 février 2018 et déposée auprès de la Cour suprême du comté d’Onondaga, dans l’Etat de New York, ils écrivent :

« Michael, après en avoir discuté avec ta mère, nous avons décidé que tu devais immédiatement quitter la maison. Tu as quatorze jours pour t’en aller. Tu n’auras pas le droit d’y revenir. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter notre décision. »

La première lettre de Mark et Christina Rotondo envoyée à leur fils.

« Expulsé sous trente jours »

Leur fils faisant la sourde oreille, les Rotondo ont alors repris leur plume, sur le conseil de leur avocat, pour lui signaler formellement qu’il serait « expulsé (…) sous trente jours ». En vain.

Devant ce nouvel échec, les parents du trentenaire ont alors changé de tactique et tenté de soudoyer leur fils avec « 1 100 dollars [930 euros environ], pour qu’[il] puisse trouver un endroit où habiter ». Dans une énième lettre datée du 18 février, ils lui conseillent aussi « de faire du rangement dans ses affaires », de « vendre ses objets de valeurs », et surtout… de « trouver un travail ». « Il y a du travail même pour des gens avec un CV aussi pauvre que le tien », ajoutent-ils, en parents aimants.

La troisième lettre de Mark et Christina Rotondo.

Lassés de cette correspondance, Mark et Christina Rotondo ont finalement porté l’affaire devant le juge, qui, après avoir tenté en vain de convaincre Michael Rotondo de quitter le domicile familial de son plein gré, a ordonné son expulsion. Le trentenaire à la barbe et aux cheveux longs, qui assurait sa propre défense, plaidait pour rester six mois de plus chez ses parents, ces derniers ne lui ayant donné aucun motif pour justifier son expulsion et « n’ayant jamais attendu de lui qu’il participe aux dépenses et aux tâches de la maison », selon la chaîne américaine WSTM, affiliée à CNN.

Il a également tenu à préciser qu’il faisait sa propre lessive. Jugée « scandaleuse », sa demande a été rejetée par le magistrat en charge de l’affaire.