A quelques jours de la fin du délai exonérant l’Europe de taxes punitives sur l’acier et l’aluminium, Donald Trump a de nouveau frappé fort mercredi 23 mai, envisageant d’imposer de nouvelles taxes douanières sur les importations de véhicules aux Etats-Unis.

« J’ai demandé au secrétaire [au commerce Wilbur] Ross d’envisager d’ouvrir une enquête sous la Section 232 sur les importations de véhicules, y compris les camions et les pièces détachées, pour déterminer leur impact sur la sécurité nationale américaine », a fait savoir le président des Etats-Unis, cité dans un communiqué de la Maison Blanche.

Cette annonce est survenue quelques heures après que le président américain a promis sur Twitter « de grandes nouvelles pour nos fabuleux constructeurs automobiles », victimes selon lui de « décennies de pertes de [leurs] emplois au profit d’autres pays ».

Jusqu’à 25 % sur les importations de véhicules

M. Ross a aussitôt lancé cette enquête, selon un communiqué du secrétariat au commerce publié peu après celui de la Maison Blanche. « Il y a des preuves suggérant que, durant des décennies, les importations depuis l’étranger ont érodé notre industrie automobile nationale », a affirmé M. Ross cité dans ce communiqué, rapportant que « durant les vingt dernières années, les importations de véhicules particuliers sont passées de 32 % à 48 % du total des véhicules vendus aux Etats-Unis ».

L’enquête devra déterminer « si le recul du nombre de véhicules et la baisse de la production de pièces détachées menacent d’affaiblir l’économie nationale, notamment en réduisant la recherche développement, les emplois pour les travailleurs qualifiés dans le secteur des véhicules connectés et autonomes (...) et les autres technologies de pointe ».

D’après un article du Wall Street Journal publié peu avant l’officialisation de la nouvelle par la Maison Blanche, ces taxes, si elles étaient imposées, pourraient culminer à 25 % sur les importations de véhicules.

Des taxes « déplorables » pour le Japon

Après cette annonce, les actions des constructeurs d’automobiles japonais chutaient jeudi matin à la Bourse de Tokyo, Toyota, Nissan et Honda perdant entre 1,3 et 2,4 %. Nissan, qui a vendu 1,59 million de véhicules aux Etats-Unis l’an dernier, affirme en avoir fabriqué 930 000 sur le sol américain, ce qui suppose l’importation de plus du tiers de ses ventes locales. Le constructeur allemand BMW précise quant à lui que 66 % de ses véhicules vendus aux Etats-Unis l’an dernier ont été importés, ce qui représente plus de 200 000 véhicules.

L’américain Ford, qui a vendu 2,6 millions de véhicules sur le territoire américain en 2017, fait état d’une production de 80 % de ses véhicules aux Etats-Unis, les 20 % restants provenant pour la plupart des pays partenaires de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena), soit le Canada et le Mexique.

Le gouvernement japonais a jugé, jeudi, qu’il serait « déplorable » que les Etats-Unis imposent de telles taxes. « L’industrie automobile est extrêmement importante. Des mesures de restrictions de cette ampleur pourraient grandement perturber le marché », a réagi devant la presse le ministre japonais du commerce et de l’industrie, Hiroshige Seko.

M. Trump a déjà maintes fois évoqué des taxes punitives pour protéger l’industrie automobile américaine qui viseraient notamment l’Allemagne, dont les excédents commerciaux exaspèrent le président américain. Selon lui, les voitures américaines sont frappées de taxes supérieures à celles imposées sur les automobiles européennes.

Les taxes européennes sur les importations de voitures en provenance des Etats-Unis et des pays hors UE s’élèvent à 10 %, quand les droits de douane américains sur celles en provenance de l’Union européenne ne s’élèvent qu’à 2,5 %. Toutefois, au sein du secteur automobile, les Etats-Unis taxent les importations de camions et de pick-up (camionnettes à plateau) à hauteur de 25 % alors que les importations de ces mêmes produits au sein de l’Union européenne sont taxés à 14 % en moyenne.