Les habitants du quartier PK5, principalement musulman, présentent les corps des victimes des affrontements du 10 avril lors d’une manifestation devant le siège de la Minusca, la mission de maintien de la paix de l’ONU en République centrafricaine, à Bangui, le 11 avril 2018. / FLORENT VERGNES / AFP

Douze personnes ont été tuées mercredi 23 mai dans des violences consécutives à l’explosion d’une grenade dans le quartier musulman du PK5 de Bangui, a indiqué jeudi à l’AFP la Croix-Rouge centrafricaine. L’information a été confirmée par l’imam de la mosquée Ali Babolo, située dans ce quartier commerçant et à majorité musulmane de la capitale, théâtre de violences régulières depuis avril.

La Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca, 10 000 soldats) a annoncé avoir ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de ces violences. Les boutiques de ce quartier qui est le poumon économique de Bangui ont de nouveau fermé après ces nouvelles violences.

Des semaines de tension

Un calme relatif était pourtant revenu peu à peu au quartier PK5 depuis quelques jours après des semaines de tension. Le centre de santé Henry Dunand, géré par la Croix-Rouge centrafricaine et situé au cœur du PK5, avait pu reprendre ses activités, alors qu’il était paralysé depuis le début du mois. Plusieurs victimes des violences de mercredi y ont été accueillies, selon la Croix-Rouge.

En avril, une opération de démantèlement des bases des milices du quartier par l’ONU, accompagnée des forces de sécurité centrafricaines, avait abouti à des combats qui ont fait plusieurs dizaines de morts dans le quartier. Les violences s’étaient ensuite propagées à proximité du quartier, avec en particulier l’attaque d’une église catholique le 1er mai qui avait fait au moins 24 morts et 170 blessés. Des barricades de fortune avaient dans la foulée été érigées dans plusieurs quartiers de la capitale.

Plusieurs marches et des journées « ville morte » ont été organisées en protestation contre les violences à Bangui. La Centrafrique a basculé dans la violence en 2013 après le renversement de l’ex-président François Bozizé par la rébellion Séléka pro-musulmane, entraînant la contre-offensive de groupes anti-balaka, milices se présentant essentiellement comme chrétienne.