Deux photos montrant des extraits des vidéos des coups portés par le policier à des élèves, devant le lycée Henri-Bergson, le 24 mars 2016. / JOEL SAGET / AFP

Deux ans après la mobilisation contre la loi travail, un policier a été condamné jeudi 24 mai à quatre mois de prison avec sursis pour des violences sur des élèves aux abords du lycée Bergson de Paris en le 24 mars 2016.

Le tribunal correctionnel de Paris l’a condamné pour des « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique, sans incapacité totale de travail », contre trois jeunes. Des gestes « tous volontaires », qui ne relevaient pas d’un usage « qui aurait été légitime et nécessaire de la force », selon la présidente du tribunal.

Contexte de l’intervention

Si ces faits sont « par nature graves, s’agissant de violences sur des mineurs ou de jeunes majeurs », et de violences « plurielles », les juges ont néanmoins « fait la balance » avec « le contexte particulier de ce dossier, le blocage du lycée Bergson », a précisé la magistrate : « Certains lycéens avaient mis le feu à des poubelles, la situation sur place était susceptible de dégénérer, donc nécessairement tendue. »

Le policier devra payer 600 et 700 euros de dommages et intérêts à deux des victimes, la troisième s’étant désistée de sa constitution de partie civile. Le 24 mars 2016, ce gardien de la paix de l’unité de police administrative (UPA), en « mission d’observation » sur un établissement de l’est parisien, avait été appelé en renfort au lycée Bergson (19e arrondissement). Après quelques jets de projectiles, essentiellement des œufs, les forces de l’ordre avaient chargé.

Diffusion sur les réseaux sociaux

Une enquête avait été ouverte après la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux. Le policier en civil, sans brassard, vêtu de noir, visage masqué et capuche sur la tête, y apparaissait assénant une « balayette » à Sérénic S., un élève du lycée Diderot voisin, puis tirant un autre sur plusieurs mètres en l’enserrant par le cou et donnant plus tard des coups de matraque à des élèves qui marchaient en lui tournant le dos.

Lors du procès, fin mars, le parquet avait requis neuf mois d’emprisonnement avec sursis à son encontre.

Face au « manque d’éléments » matériels, l’avocat de la défense avait plaidé la relaxe pour son client, un « bouc émissaire » pour « mettre en cause l’institution » policière. « Nous sommes prisonniers de quelques secondes de vidéo », avait-il notamment souligné. Le policier, qui avait justifié de notations exemplaires entre 2014 et 2016, est toujours en poste.