Chris Froome à son arrivée à Bardonecchia le 25 mai. / Yuzuru Sunada / Yuzuru Sunada/BELGA/dpa

Imperméable aux critiques et aux soupçons, Christopher Froome (Team Sky) a renversé vendredi 25 mai le Tour d’Italie cycliste à l’issue d’une offensive spectaculaire, tirant profit d’un regain de forme spectaculaire et d’une défaillance qui ne le fut pas moins, celle du maillot rose, Simon Yates.

Vainqueur de la 19e étape du Giro au-dessus de Bardonecchia, Froome a abandonné les autres favoris à leur sort sur les sentes caillouteuses du col delle Finestre, à plus de 2 000 mètres d’altitude, et enlevé son deuxième succès après sa victoire samedi au Monte Zoncolan.

A deux jours de l’arrivée à Rome, le quadruple vainqueur du Tour de France précède, désormais, le Néerlandais Tom Dumoulin, vainqueur sortant du Giro, de 40 secondes. Le Français Thibaut Pinot est remonté de la 5e à la 3place, mais à plus de quatre minutes.

Froome défendra son maillot rose et Pinot sa place sur le podium – il n’a que 40 secondes d’avance sur le Colombien Miguel Angel Lopez – lors de l’ultime étape de montagne, samedi, vers Cervinia.

Attente de la décision de l’UCI

Ce renversement de situation au prix d’une échappée rappelant les grands raids en montagne des années 1990 et 2000, époque reine du dopage sanguin, n’apaisera pas la colère des détracteurs de Froome. Ces derniers, parmi lesquels de nombreux coureurs du peloton, estiment que le Britannique n’aurait pas dû se présenter au départ du Giro en raison de son contrôle antidopage « anormal » de septembre 2017. La procédure étant encore en cours, le coureur de la Sky a pu se présenter au départ du Tour d’Italie, donné à Jérusalem.

Tout succès final, ainsi que ses deux victoires d’étape, serait néanmoins suspendu à la décision du tribunal antidopage de l’Union cycliste internationale (UCI), puis à un éventuel appel devant le Tribunal arbitral du sport.

Signe que les excès de salbutamol du Britannique sont dans toutes les têtes, on a pu voir des supporteurs déguisés en infirmiers courir à la poursuite de Froome, un vaporisateur géant de Ventoline – médicament contre l’asthme contenant le salbutamol – dans les mains.

Défaillances en série

Froome a basculé en tête au sommet du col du Finestre, à 2 178 mètres d’altitude, puis de la montée de Sestriere avant de rejoindre en vainqueur le sommet de Jafferau, terme de cette étape. Si le Britannique s’est détaché sur la route en terre du col le plus haut du Giro, il n’a cessé de creuser l’écart malgré la poursuite animée par Dumoulin, champion du monde du contre-la-montre, Pinot et son coéquipier suisse Sébastien Reichenbach.

Le groupe a néanmoins eu du mal à s’entendre en raison de la passivité du Colombien Miguel Angel Lopez et de l’Equatorien Richard Carapaz, en lutte pour le maillot blanc de meilleur jeune. Dans la dernière ascension, Froome n’a perdu que quelques secondes sur ses poursuivants. L’Equatorien Richard Carapaz s’est assuré la deuxième place de l’étape, à près de trois minutes, devant Pinot.

La cavalcade de Froome a éclipsé la défaillance complète de son compatriote Simon Yates, en tête du Giro depuis la 6étape. Le porteur du maillot rose a été distancé très tôt, à plus de 86 kilomètres de l’arrivée, dans l’interminable ascension du Finestre (18,5 km), bien avant la partie finale en terre.

Le champion d’Italie Fabio Aru (UAE Emirates) a, pour sa part, fini par quitter le Giro. Aru, qui avait été proche de l’abandon dimanche dernier sur la route de Sappada, a renoncé après 41 kilomètres dans cette étape. Présent à deux reprises sur le podium du Giro (3e en 2014, 2e en 2015), le Sarde a été loin de son meilleur niveau. Il occupait la 27e place du classement.