Maxime Beaugrand — Le Monde

  • Calendrier :

16 juin : Pérou - Danemark (18 heures à Saransk)

21 juin : France - Pérou (17 heures à Iekaterinboug)

26 juin : Australie - Pérou (16 heures à Sotchi)

Heure française

  • Historique en Coupe du monde :

Cinquième participation, quart de finaliste en 1970.

  • Leur petit nom :

La Blanquirroja, qui veut tout simplement dire « la rouge et blanche »

  • L’équipe qui devrait jouer :

Pedro Gallese – Luis Advíncula, Christian Ramos, Alberto Rodriguez, Miguel Trauco – Christian Cueva, Renato Tapia, Yoshimar Yotún, Edison Flores, André Carrillo – Jefferson Farfan

  • Le sélectionneur :

Ricardo Gareca, 60 ans, dit « El Tigre », entraîneur d’origine argentine qui a pris la sélection en 2015. Il devient le héros du Pérou en finissant 3e de la Copa America 2015, puis une légende en le qualifiant pour sa première Coupe du monde depuis trente-six ans.

Bilan de compétences

Pour quoi postulez-vous à cette Coupe du monde ? « Après une génération loin du plus haut niveau, je compte bien faire revivre à mon pays les heures de gloire de la génération dorée de 1970 et viser au moins les huitièmes de finale. Et je suis 11e du classement FIFA, pour ce que ça vaut. »

De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? « Avant les dernières rencontres préparatoires à la Coupe du monde, je reste invaincu sur mes 12 derniers matchs, éliminatoires et amicaux confondus. Le Chili, que j’ai sorti, a souvent été le grain de sable sud-américain dans la mécanique des Coupes du monde. Je compte bien lui succéder dans le rôle. »

Si vous deviez nous donner trois qualités ? « Mon jeu repose systématiquement sur des passes rapides. J’ai un trio de jeunes ailiers Renato Tapia, Christian Cueva, Edison Flores capables de déstabiliser les défenses trop confiantes. Mes vétérans, comme Farfan, apportent cette dose indispensable d’expérience. »

Et trois défauts ? « L’absence de mon autre vétéran, Guerrero, est préjudiciable. J’espère que l’équipe se transcendera sans son capitaine mais il y a plus de chances qu’elle plie. La tactique habituelle 4-2-3-1 n’est plus très efficace sans notre meilleur buteur, le joueur le plus utilisé pendant les éliminatoires. Et l’improvisation n’est pas vraiment mon fort. »

Paolo Guerrero en cinq dates

MARTIN BERNETTI / AFP

8 décembre 1987 : Jour noir pour le football péruvien. Les joueurs et le staff du club de l’Alianza Lima, tout juste sacré champion, disparaissent en mer lors du crash de leur avion. Paolo Guerrero (3 ans) a à peine l’âge de toucher au ballon dans le quartier de Chorrillos, à Lima, et prend sa licence, quatre ans plus tard, dans le club martyr.

1994 : Paolo Guerrero, 10 ans et capitaine, accueille une nouvelle recrue : Jefferson « Petit Phoque » Farfan, petit ailier qui deviendra son coéquipier et, très vite, son meilleur ami pour la vie.

2012 : Après dix ans avec le Bayern Munich et surtout Hambourg (51 buts en 183 matchs), le Péruvien quitte l’Allemagne sur un tacle extraordinaire de violence, sûrement inspiré par le geste d’un jeune Cantona. Notre moment préféré : la sincère surprise de voir le carton rouge.

Paolo Guerrero - Foul an Sven Ulreich - "03.03.2012"
Durée : 00:44

2015 : Guerrero devient le premier Péruvien à être nommé au Ballon d’or. Certes, c’est la liste élargie (avec Christian Atsu, David Ospina et André Ayew), mais c’est déjà ça.

22 mai 2018 : Les manifestations et lettres de soutien de ses adversaires ne changeront rien… Le dernier espoir de voir Guerrero participer à la Coupe du monde disparaît. Le président de la FIFA ne peut rien faire pour sa suspension de quatorze mois pour contrôle positif à la cocaïne.

Figurez-vous Arsène…

… que Paolo Guerrero et Jefferson Farfan, les deux cadres de la sélection, sont meilleurs amis sur le terrain et en dehors. Ils se connaissent depuis leurs dix ans, jouaient ensemble chez les jeunes et se côtoyaient sur les bancs du collège. « Le Prédateur » et « le Petit Phoque » sont restés très proches puisque leurs carrières personnelles les ont amenés en Bundesliga, le grand championnat allemand. La suspension de Guerrero est désastreuse pour tout le Pérou, mais aussi pour son pote. Quand il a marqué le premier but du barrage victorieux contre la Nouvelle-Zélande, Farfan a sorti le maillot n°9 de Guerrero pour le lui dédier, avant d’éclater en pleurs.

Le jour où…

… le Pérou a pris la place de l’Argentine en Coupe du monde. Le 3 août 1969, le Pérou est à quelques points de se qualifier pour la première fois pour la Coupe du monde. Il leur reste deux matchs face à l’Argentine. Le premier, à Lima, est une victoire 1-0 grâce à une frappe du gauche de « Perico » Leon. Le buteur n’aurait pas dû jouer, s’étant enfui de l’hôtel la veille pour la faire la fête en ville. Ses coéquipiers devront plaider pour que le coach brésilien Didi accepte de le reprendre.

L’histoire leur donnera raison. Le match retour, quelques semaines plus tard, s’achève sur un 2-2 au stade de la Bombonera de Buenos Aires. Pour la première fois de l’histoire, l’Argentine ne se qualifie pas pour un Mondial – et le Pérou si. C’est le début d’une décennie de gloire pour la génération dorée péruvienne de Hugo Sotil, Roberto Chale et Teofilo Cubillas.

Teófilo Cubillas in World Cup
Durée : 02:42

Big data

0. Aucun des joueurs péruviens convoqués n’était vivant quand le pays a joué la Coupe du monde pour la dernière fois (1982). La fédération a voulu marquer ce nouveau départ footballistique en adressant une vidéo à chacune des sélections qu’elle affrontera.

Le wiki de qui ?

On m’appelle « Le Condor ». Quand je suis passé sur la Canebière, je n’ai marqué qu’un seul but, et on s’est beaucoup moqué de ce surnom. Ma jeunesse en Belgique a laissé des souvenirs plus joyeux, j’étais bien plus adroit en m’envolant devant le but.

Plateau télé

Tout le monde connaît la renommée mondiale de ma gastronomie, mais on s’arrête trop souvent au ceviche. En creusant un peu dans les menus, on trouve d’autres plaisirs typiques comme l’olluquito con charqui, de la viande de lama avec des pommes de terre qui ne poussent qu’aux Andes, ou un cuy grillé à la broche. Le cuy, c’est un immense cochon d’Inde, et si ça vous bloque, buvez un grand verre de pisco sour pour faire passer.

CRIS BOURONCLE / AFP