« On continue le conflit, le combat. » A la sortie d’un entretien avec le premier ministre, Edouard Philippe – qui recevait à Matignon dans la matinée les cinq fédérations syndicales de cheminots (UNSA, CGT, SUD, FO et CFDT) –, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, s’est montré inflexible, maintenant son appel à la grève débutée le 3 avril contre le projet de réforme ferroviaire du gouvernement. Au cours de cette rencontre, le chef du gouvernement leur a notamment signifié que l’Etat reprendrait une partie de la dette de la compagnie ferroviaire, soit 35 milliards d’euros (25 milliards en 2020 et 10 milliards en 2022).

Concernant cette annonce, la CGT-Cheminots a salué « une reprise significative », tout en interpellant le premier ministre « sur le montant qu’il resterait », car, d’ici à la fin du quinquennat, la dette « va augmenter ». L’UNSA s’est quant à elle dite « rassurée (…) sur un engagement ferme de l’Etat » pour les finances de la SNCF.

Mais la CGT exige une table ronde, pour « fixer par écrit les engagements du gouvernement ». « Le premier ministre n’a pas fermé la porte » à cette demande. « Il a dit qu’il réfléchissait au sujet et nous donnerait une réponse très prochainement », a rapporté M. Brun, rappelant que c’est « la responsabilité du gouvernement de trouver des solutions de sortie du conflit ».

L’UNSA s’exprimera « très rapidement » sur une poursuite de la grève

De son côté, l’UNSA-Ferroviaire ne s’est pas encore prononcée sur une éventuelle sortie de grève, mais le fera « très rapidement », a déclaré son secrétaire général, Roger Dillenseger. L’UNSA reste pour l’instant encore dans la mobilisation unitaire lancée au début d’avril, car « le texte officiel, c’est ce qui sortira du Sénat », où le projet de loi sera voté mardi 5 juin, a-t-il ajouté. Le syndicat participera donc mardi à la manifestation syndicale prévue près du Sénat « pour montrer qu’on veut peser » sur le débat à la Haute Chambre, a fait savoir M. Dillenseger.

Quant à SUD-Rail, le syndicat estime que les annonces du premier ministre vendredi matin « ne sont pas de nature à faire cesser la grève ».

M. Philippe a annoncé dans la matinée que l’Etat s’engageait à alléger de 35 milliards d’euros l’endettement abyssal de la compagnie ferroviaire (54,5 milliards d’euros au 1er janvier 2017, dont 46,6 milliards liés au réseau ferré).

Cette reprise ne concerne en réalité que la dette de SNCF Réseau, l’entreprise qui gère l’infrastructure ferroviaire. L’allégement se fera en deux temps : d’abord une première grosse partie de 25 milliards d’euros en 2020, puis une reprise complémentaire de 10 milliards en 2022 pour finir de mettre les comptes au net.