Le ministre des affaires étrangères néerlandais, Stef Blok, lors de sa conférence de presse, le 25 mai 2018. / BART MAAT / AFP

Les Pays-Bas n’ont présenté « aucun fait » permettant d’accuser la Russie et « spéculent (…) à des fins politiques » sur la catastrophe du vol MH17, abattu en 2014 au-dessus de l’Ukraine, a accusé, vendredi 25 mai, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Le ministre des affaires étrangères néerlandais, Stef Blok, « ne m’a apporté aucune preuve » que le missile ayant abattu le vol MH17 appartenait à l’armée russe, a déclaré M. Lavrov après une conversation téléphonique avec son homologue néerlandais, au lendemain de la publication des résultats de l’enquête internationale accusant la Russie. M. Lavrov a estimé que les Pays-Bas « spéculent » sur cette catastrophe « à des fins politiques ».

Jeudi, le ministère des affaires étrangères russes avait également affirmé qu’il s’agissait d’« accusations gratuites visant à discréditer [le] pays devant la communauté internationale », tandis que Vladimir Poutine, interrogé jeudi soir lors d’une conférence de presse aux côtés d’Emmanuel Macron, a dit ne « pas être au courant des détails », tout en dénonçant le fait que la Russie ne participe pas à cette équipe d’enquêteurs, contrairement à l’Ukraine.

L’UE et l’OTAN appellent Moscou à « reconnaître sa responsabilité »

Un peu plus tôt dans la journée, l’Union européenne (UE) et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) ont exhorté la Russie à « reconnaître sa responsabilité » dans la catastrophe du vol MH17. Dans deux communiqués séparés, l’UE comme l’Alliance atlantique appellent la Fédération russe à reconnaître sa « responsabilité et à coopérer pleinement avec tous les efforts visant à établir l’imputabilité » de la destruction de l’avion de la compagnie Malaysia Airlines.

Wilbert Paulissen, directeur du National Crime Squad, à côté d’un missile endommagé, alors qu’il présente les conclusions de l’équipe international d’experts missionnés sur le vol MH17, à Bunnik, aux Pays-Bas, le 24 mai 2018. / FRANÇOIS LENOIR / REUTERS

Les Pays-Bas et l’Australie « tiennent la Russie pour responsable dans la destruction » du vol MH17, qui a coûté la vie à 298 personnes, a déclaré le gouvernement néerlandais.

Jeudi avaient été publiées les conclusions d’enquêteurs internationaux : ils ont établi que le missile Buk qui a abattu l’avion de Malaysia Airlines provenait de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk. Une conclusion qui rejoint celle du site d’enquête ouverte Bellingcat, qui était parvenue aux mêmes résultats.

Les deux pays peuvent désormais soumettre ce dossier complexe devant une organisation ou un juge international, selon la même source.

« Voie légale »

« La destruction du vol MH17 a causé des souffrances irréparables », a rappelé Stef Blok au lendemain des conclusions de l’Equipe conjointe d’enquête (JIT) menée par les Pays-Bas. « En se basant sur les conclusions de la JIT, il est maintenant évident pour les Pays-Bas et l’Australie que la Russie est responsable du déploiement du système de missiles Bouk utilisé pour abattre l’avion », a-t-il ajouté.

Selon le gouvernement, la violation par un Etat de la loi internationale pourrait être invoquée, mais il s’agit d’« un processus légal complexe et il y a plusieurs façons de procéder ». « C’est la voie légale que les Pays-Bas et l’Australie ont choisie », selon le communiqué du gouvernement.

L’équipe internationale a minutieusement recréé la route empruntée par le convoi militaire depuis Koursk à travers la frontière ukrainienne en utilisant des photos et des vidéos.

Les enquêteurs n’ont en revanche pas dit qui avait tiré le missile en appelant les témoins à apporter des précisions sur les noms des membres de l’équipage du missile Buk ou la nature de l’ordre qu’ils ont reçu.

L’avion de la compagnie Malaysia Airlines reliant Amsterdam à Kuala Lumpur avait été abattu au-dessus de l’est séparatiste prorusse de l’Ukraine, le 17 juillet 2014. L’ensemble des 298 personnes présentes à son bord, en majorité des Néerlandais, avaient péri.