François Hollande, lors de sa visite d’une usine d’assemblage des Airbus, à Tianjin, le 24 mai. / FRED DUFOUR / AFP

François Hollande a peut-être eu l’impression de jouer un double de lui-même, à Pékin vendredi 25 mai au soir, quelques années après ses visites d’Etat de 2013 et 2015. Reçu à dîner pendant quatre-vingt-dix minutes par le numéro un chinois Xi Jinping, l’ancien président lui a dispensé ses conseils – comprenez bien, les populistes visent la mondialisation, et donc la Chine, d’où l’intérêt d’échanges plus équilibrés entre elle et l’Europe. Il a aussi tendu l’oreille.

M. Xi ne lui a pas paru plus inquiet que cela après l’annulation du sommet Trump – Kim Jong-un annoncée jeudi soir : « J’ai compris qu’il pensait que ce rendez-vous manqué pouvait être reporté et qu’il n’y avait pas de crainte d’un recul ou d’une annulation pure et simple du processus qui a été engagé », a-t-il confié aux journalistes français.

« Relation intense »

L’ex-chef du PS a offert à son hôte une édition rare de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Et puis son propre livre, Les Leçons du pouvoir (Stock, 288 p., 22 €). Il a reçu en échange celles du champion du socialisme aux couleurs chinoises, La Gouvernance de la Chine, volume II. Les Chinois prennent soin des anciens chefs d’Etat. L’invitation devait toutefois intervenir après les grands rendez-vous politiques chinois de novembre 2017 et mars, et la visite d’Emmanuel Macron en Chine en janvier. M. Hollande revendique, comme gage d’amitié, la « relation intense entretenue avec Xi Jinping pour parvenir à l’accord sur le climat » de 2015 à Paris.

L’ancien président a atterri mercredi à Pékin, accompagné de son ancien ministre Michel Sapin, deux officiers de sécurité, son maître d’hôtel et une attachée de presse. M. Hollande a ensuite enchaîné les rendez-vous : une escale à Baidu, le Google chinois, un déplacement à Tianjin pour visiter l’usine d’assemblage des Airbus – en souvenir de contrats signés à l’Elysée en 2014 lors de la visite d’Etat de Xi Jinping en France, puis une intervention jeudi après-midi sur l’Europe devant les étudiants de la prestigieuse université de Pékin.

Au dîner avec Xi Jinping, les droits de l’homme ont été évoqués en aparté : « Comme chef d’Etat je l’avais fait, comme ancien chef d’Etat, je l’ai fait, et je le referai. C’est notre responsabilité de dire un certain nombre de réalités », affirme M. Hollande qui s’est aussi entretenu avec des personnalités de la société civile et défenseurs des droits LGBT lors d’un déjeuner privé. Un exercice d’équilibre diplomatique qui a sans doute rappelé à l’ancien président ses cinq années passées à l’Elysée.