En 1968, une partie de la jeunesse française découvre une sexualité libre et multiple : « 68, année érotique ». Sur Francetv. / CAPTURE D'ECRAN / CAPA PRODUCTION

LES CHOIX DE LA MATINALE

Trois beaux documentaires et une émission à revoir au programme de notre sélection de podcasts.

« Fin de vie, le dernier exil » : choisir sa mort

[EXTRAIT 2] Hélène avec sa fille - 23/05/2018
Durée : 01:02

Monique a un sourire radieux. Entourée de ses proches, la coquette dame trinque à l’amour et à l’amitié. A 84 ans, elle semble en forme et heureuse de vivre. Mais les apparences sont trompeuses. Cette coupe de champagne sera la dernière de sa vie : le lendemain, cette Française traversera la frontière pour se rendre à Zurich, où elle se donnera la mort. Aucune tristesse, pas de nostalgie. Monique veut en finir parce que son corps « ne fait plus rien ». Sans jamais tomber dans le voyeurisme, ce documentaire accompagne plusieurs personnes atteintes de maladies incurables ou en grande détresse physique qui, comme Monique, ont choisi la mort pour mettre un terme à leurs souffrances. Tout au long du film, des médecins français, militants au sein de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, expliquent à visage découvert comment ils ont déjà aidé des patients « à partir », même si cette pratique est illégale. Le documentaire ne fait pas non plus l’impasse sur les dérives de la loi belge et suisse, qui a parfois autorisé l’euthanasie pour des personnes dépressives ou facilité le suicide d’un patient contre un gros chèque. Mustapha Kessous

« Fin de vie, le dernier exil », d’Aude Rouaux et Marie Garrezau de Labarre (France, 2018, 70 min). Sur France.tv jusqu’au 29 mai.

« 68, année érotique » : sous les pavés, le sexe…

En 1968, une partie de la jeunesse française découvre une sexualité libre et multiple. / CAPTURE D'ECRAN /FRANCE TV

En 1968 dans la France du Général, on ne badine pas avec les corps, la sexualité est un sujet tabou dans les familles et la mixité pas encore une évidence au lycée. Arrivent les événements de mai. Et avec eux, la découverte pour une partie de la jeunesse française d’une sexualité libre et multiple. Bien écrit, agrémenté d’archives filmées et de témoignages d’une douzaine de femmes et d’hommes ayant vécu leurs 20 ans aux alentours de 1968, ce documentaire revient sur cette époque de libération des corps. Après mai 1968 vient l’été. Et la saison des plaisirs va durer plusieurs années. « Avoir 20 ans en 68 avec des filles qui prenaient la pilule ? C’était une époque bénie ! », souligne un témoin. Fidélité et jalousie sont à ranger au rayon des antiquités. On couche, on change de partenaires, on expérimente des positions. Jouissances sans entraves ? Les paroles et sourires des témoins en disent long. Alain Constant

« 68, année érotique » de Claude Ardid et Philippe Lagnier (France, 2018, 50 min). Jusqu’au 1er juin sur France.tv.

« Les années 68 » : 1965-1975, une décennie de révoltes

L’armée américaine au Vietnam. / ARTE

En 1967, un jeune étudiant d’origine écossaise débarquait à Paris pour y suivre des études de cinéma. Don Kent, qui deviendra l’un des plus brillants réalisateurs de la télévision française, découvrait un autre monde : agitation estudiantine, discussions enfiévrées. « Le fait d’avoir vécu ce mouvement à Paris a vraiment éveillé ma conscience politique. En Angleterre, la jeunesse était beaucoup moins politisée », se rappelle-t-il. Cinquante ans plus tard, Don Kent a voulu parler d’une période qui l’a marqué. Mais pas question de se limiter aux rues du Quartier latin. Son documentaire, divisé en deux parties, effectue un véritable tour du monde de la contestation avec, comme fil rouge permanent, la guerre du Vietnam. Entre 1965 et 1975, la révolte gronde partout, des Etats-Unis au Japon, du Brésil à l’Allemagne. Documents d’archives exceptionnels et témoins passionnants (Erri De Luca, Judith Butler, Dilma Rousseff, Regis Debray entre autres) font de ce programme une réussite. A. Ct

« Les années 68 », de Don Kent (France, 2018, 2x90 min). Sur arte.tv jusqu’au 20 juillet et sur Youtube.

« La curiosité est un vilain défaut » : tout sur Dard

Des personnages mythiques, des histoires rocambolesques. / DR.

Dix-sept minutes de bonheur. Invité par Thomas Hughes et Sidonie Bonnec, le médecin, enseignant et écrivain Eric Bouhier, auteur d’un Dictionnaire amoureux de San Antonio (Ed. Plon), raconte avec verve l’incroyable carrière de Frédéric Dard (1921-2000). Tout ce que vous avez voulu savoir sur l’auteur des San Antonio, son œuvre prolifique, son style inimitable, ses angoisses d’ancien enfant pauvre et ses doutes littéraires. Se cachant sous une trentaine de pseudonymes, Dard, alias San Antonio, alias L’Ange noir ou Verne Goody, a marqué son temps. « C’est une écriture en relief. Un aveugle pourrait le lire avec la peau des doigts ! », lançait Cocteau en évoquant San Antonio. A partir de 1965, et pendant trois décennies, Dard a vendu 600 000 exemplaires en moyenne chaque année. De toute façon, un type capable de titrer l’un de ses ouvrages « Remets ton slip, gondolier » mérite le respect. A. Ct

« La curiosité est un vilain défaut », animé par Thomas Hughes et Sidonie Bonnec sur RTL.