Chancelant sur son vélo, Thibaut Pinot a été contraint d’abandonner au soir de la 20e étape du Giro. | LUK BENIES / AFP

Le Tour d’Italie, une fois n’est pas coutume, est arrivé à Rome, ce dimanche 27 mai, avec une victoire finale du Britannique Chris Froome. Mais le chemin de Thibaut Pinot ne l’y a pas mené. Pour le grimpeur français, ce tour d’Italie en dent de scie s’est arrêté de façon abrupte, dans une chambre d’hôpital du val d’Aoste, à 24 heures de l’arrivée. Épuisé, déshydraté et fiévreux, le leader de la formation Groupama-FDJ n’avait pu suivre le rythme du peloton à l’entame du col de Saint-Pantaléon, lors de la 20e étape.

Chancelant sur son vélo, bouche et maillot grand ouverts, Pinot, attendu par ses coéquipiers, avait terminé l’étape à plus de 45 minutes du vainqueur, coincé dans le gruppetto des sprinteurs attardés, maîtres dans l’art savant du calcul pour éviter d’arriver hors délai.

Mais même abrité dans un groupe, même en grimpant les deux derniers cols de la journée à une allure de sénateur (vu les références du garçon, quatrième et vainqueur d’étape l’an passé), le corps de Pinot n’a pas tenu. Transféré à l’hôpital tout de suite après l’arrivée, le Franc-comtois de 28 ans a été contraint d’abandonner. Selon son équipe, il souffre d’un début de pneumopathie.

« Il a dépassé ses limites »

LUK BENIES / AFP

Thibaut Pinot figurait pourtant parmi les favoris au départ de ce 101e Giro un peu particulier. La participation contestée de Chris Froome, empêtré dans son affaire de contrôle anormal au salbutanol, a attiré la lumière médiatique. Ce n’était pas pour déplaire au Français, qui avait échoué au pied du podium l’an passé à 1’17 du vainqueur Dumoulin.

Mais celui qui a souvent clamé son amour pour l’Italie et pour cette course, au point d’insister pour la courir malgré la difficulté d’enchaîner avec le Tour de France, était bien là pour la gagne. Sur ce parcours ultra-exigeant qui a vu les leaders alterner des jours de méformes (Froome en première), des performances exceptionnelles (Yates pendant quinze jours), des défaillances impressionnantes (Yates encore, Aru également), Pinot a, comme les autres, joué l’alternance.

Victime de la chaleur dans le désert israélien, le Français s’est installé, tranquillement, dans le top 5 de ce Giro quand la route s’est élevée. Sans coup d’éclat ni victoire d’étape, semblant par moments coincer face aux favoris dans les grandes explications, Pinot a tout de même su répondre présent lors de l’étape reine, peut être trop.

Sur ce parcours dantesque, alors que Chris Froome réalisait « une Floyd Landis » en partant dans le terrible Col delle Finestre pour une chevauchée solitaire et victorieuse de 80 kilomètres, Pinot a mené la poursuite. Avec Tom Dumoulin, partenaire de circonstance à la poursuite du coureur de la Sky, le leader de Groupama-FDJ a tenté de boucher l’écart pour limiter la casse, parvenant à remonter sur le podium, malgré le manque de coopération du duo sud-américain Carapaz-Lopez. Mais à quel prix ?

Au lendemain de cette terrible étape, il n’y avait guerre que Chris Froome, de rose vêtu, qui semblait capable de courir à son niveau. Pinot, lui, était allé « au bout de lui-même » selon son directeur sportif Martial Gayant. « L’abandon est inévitable. Il est impossible pour lui, dans son état, de remonter sur le vélo. Il a dépassé ses limites. »

Que retenir, dans ces circonstances, du Giro de Thibaut Pinot ? Qu’il a longtemps tenu le choc face aux tout meilleurs, lui qui était encore devant Chris Froome au classement général à trois jours de l’arrivée ? Que son meilleur résultat sur une épreuve de trois semaines date tout de même d’il y a quatre ans - troisième du Tour de France 2014 - et que depuis, il n’a terminé que deux des six Grands Tours qu’il a disputés ? Ou bien, tout simplement, que Thibaut Pinot a réalisé une performance « normale » sur un Tour d’Italie qui ne l’aura pas toujours été.