Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, à la chambre des députés, à Rome, le 24 mai. / Tony Gentile / REUTERS

L’incertitude politique restait totale dimanche 27 mai en Italie. Près de trois mois après les élections, le chef du gouvernement désigné, Giuseppe Conte, ne parvient toujours pas à imposer son équipe, faute d’accord sur le nom du ministre des finances.

Les populistes italiens d’un côté et le président, Sergio Mattarella, de l’autre restent arc-boutés sur leurs positions. Objet de ce bras de fer : le refus du président de nommer Paolo Savona, 81 ans et eurosceptique déclaré, à la tête du ministère des finances. En Italie, le chef de l’Etat nomme le président du Conseil et les ministres sur proposition de ce dernier.

Giuseppe Conte doit être reçu à Rome par le président italien dimanche à 19 heures pour lui présenter sa liste de ministres. Si elle devait comporter le nom de M. Savona, M. Mattarella devrait confirmer son refus, selon la plupart des commentateurs italiens, obligeant ainsi M. Conte à renoncer.

Lire aussi le portrait : En Italie , le mystère Giuseppe Conte

« Ou on boucle dans les vingt-quatre heures, ou on laisse tomber »

Ce refus scandalise la Ligue (extrême droite), qui, avec le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), a porté M. Conte à la présidence du Conseil. Matteo Salvini, le patron de la Ligue, assure ne pas vouloir céder, quitte à « tout faire sauter » et à retourner devant les électeurs, fort de son ascension dans les sondages. « Soit le gouvernement commence à travailler dans les prochaines heures, soit il vaut mieux retourner voter et prendre la majorité absolue », a-t-il lancé samedi soir, devant ses partisans près de Bergame, dans le nord de l’Italie.

« Nous avons déjà perdu trop de temps, ou on boucle dans les vingt-quatre heures ou on laisse tomber », a également soutenu Luigi Di Maio, dirigeant du M5S, samedi soir lors d’un meeting de son mouvement à Terni.

Cette détermination ne semble toutefois pas ébranler le chef de l’Etat, pour qui il en va de la défense de la Constitution et des prérogatives du président. Déjà peu convaincu de l’autorité de M. Conte face aux poids lourds politiques qui composeront son équipe, M. Mattarella, garant du respect des traités internationaux, tient aussi à ce que l’Italie respecte ses engagements européens.

S’il refusait la liste des ministres présentée par le chef du gouvernement désigné, le président devrait alors désigner un nouveau président du Conseil mais, cette fois, sans chercher l’aval des vainqueurs des législatives du 4 mars, pour former un « gouvernement du président ». Un gouvernement technique qui n’obtiendrait sûrement pas la majorité au Parlement, où dominent le M5S et la Ligue. Cet exécutif serait alors chargé de gérer les affaires courantes jusqu’à l’organisation des élections, probablement à l’automne.