A l’usine ArcelorMittal de Ghent, en Belgique, le 22 mai. / YVES HERMAN / REUTERS

Donald Trump va-t-il ou non exempter définitivement l’Europe des taxes promises en mars sur les importations d’acier ? Quel que soit son verdict, attendu le 1er juin, les sidérurgistes européens pressent Bruxelles de voler à leur secours. « Que l’Europe soit ou non exemptée, nous demandons l’instauration urgente de mesures de sauvegarde, car notre industrie est menacée d’un grave danger », a déclaré Philippe Darmayan, le président d’ArcelorMittal France, lundi 28 mai.

La Commission européenne semble prête à répondre à ce SOS. Elle étudie des mesures de ce type depuis le 26 mars. Dans ce cadre, les pays qui exportent vers l’Europe depuis plusieurs années pourraient maintenir sans problème leurs volumes de vente actuels. Mais le surplus d’importations, lui, serait taxé aux alentours de 25 %. Une façon de figer le marché à son étiage du moment, en empêchant l’arrivée massive d’acier venu de pays lointains. Les industriels réunis au sein d’Eurofer espèrent une décision avant septembre.

« Les producteurs risquent de se tourner vers l’Europe »

Aux yeux de M. Darmayan, le vrai danger n’est pas que les Etats-Unis ferment éventuellement leurs portes aux produits européens en imposant des taxes. Les exportations du Vieux Continent vers l’Amérique du Nord restent en effet assez marginales. « Le problème essentiel, c’est que, compte tenu des énormes surcapacités mondiales, les producteurs de toute la planète qui ne peuvent plus écouler leur acier aux Etats-Unis risquent de se tourner vers l’Europe, le marché le plus ouvert au monde », explique M. Darmayan. L’Europe pourrait alors être submergée de produits venus de Russie, de Turquie, d’Inde, un afflux à même de faire chuter les prix.

L’argumentaire présente deux points faibles. D’une part, en empêchant les prix de baisser afin de protéger les sidérurgistes, de telles mesures pénaliseraient les clients, notamment dans l’automobile. D’autre part, les exportations vers l’Europe ont beau avoir déjà augmenté de 80 % depuis 2013, les prix n’ont, pour le moment, pas chuté. Au contraire. « Je ne dis pas que nous sommes en danger, mais la menace est là », plaide M. Darmayan.