La LFP compte sur l’effet de l’arrivée de Neymar dans le championnat français pour développer l’attractivité de la Ligue 1. / PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

La Ligue de football professionnel (LFP) s’apprête à distribuer, mardi 29 mai, les droits de retransmission du championnat français pour la période 2020-2024. Elle espère dépasser le milliard d’euros par saison en droits télévisuels domestiques.

De quoi combler, en partie, son retard d’attractivité sur la Premier League en Angleterre (2,3 milliards d’euros par saison), la Bundesliga (Allemagne), la Liga (Espagne, plus d’un milliard d’euros chaque année), ou la Serie A en Italie (environ 950 millions d’euros). Sur la période 2016-2020, les droits pour la Ligue française s’élevaient à 762 millions d’euros.

La LFP tenait à attribuer l’ensemble des droits de retransmission de la Ligue 1 et de la Ligue 2 avant l’été et la Coupe du monde, organisée du 14 juin au 15 juillet en Russie, notamment pour profiter de l’effet de l’arrivée du Brésilien Neymar dans le championnat de France, à l’été 2017.

Tout va donc se jouer mardi 29 mai : après le dépôt de dossiers qualitatifs lundi, les principaux concurrents – le groupe Canal+, SFR et beIN Sports – participent à une journée d’enchères pour se partager les lots vendus par la LFP. La Ligue devrait annoncer les résultats en fin de journée.

Les conditions de revente assouplies

L’instance a modifié sa procédure d’appel d’offres pour permettre aux diffuseurs de sous-licencier les lots, une fois leur achat acté. Une manière de les pousser à prendre plus de risques financiers lors des enchères. Ce geste a été jugé nécessaire face à la timidité, feinte ou bien réelle, des prétendants diffuseurs. Altice et sa filière SFR affirment, depuis plusieurs mois, se tenir à distance des appels d’offres pour la Ligue 1, pour se concentrer sur le redressement des activités télécoms du groupe.

SFR avait pourtant fait une entrée retentissante dans le marché de la retransmission en 2015, en décrochant les droits télévisuels pour la France de la Premier League anglaise pour 300 millions d’euros, avant ceux de la Ligue des champions pour 1,1 milliard d’euros en 2018.

« Nous pouvons parfaitement vivre sans Ligue 1 sur les quatre prochaines années, cela ne signifie en revanche pas que nous n’y songerons pas dans quatre ans », expliquait à l’AFP le PDG d’Altice France, Alain Weill, en entretenant le doute.

Pour le groupe Canal+, en revanche, conserver le football français semble incontournable : dépossédées de la Premier League puis de la Ligue des Champions par le même SFR, les chaînes de Vivendi tiennent une partie de leurs abonnés sur le sport, dernier rempart avant de s’aligner sur les offres de Netflix ou Amazon sur la vidéo à la demande. L’enjeu est semblable pour beIN, qui doit nécessairement bloquer l’érosion du nombre de ses abonnés.

Disparition du « multiplex » le samedi soir

Selon le journal Le Parisien, qui avait révélé les détails de l’appel d’offres au mois d’avril, sept lots différents seraient proposés aux diffuseurs :

  • Le premier lot inclut le match du dimanche soir et des magazines du dimanche soir.
  • Le deuxième correspond aux matchs du vendredi à 21 heures et du samedi à 17 heures, ainsi qu’un magazine du vendredi.
  • Le troisième lot comprend les matchs du samedi 21 heures et du dimanche 17 heures, ainsi qu’un magazine du samedi soir.
  • Le quatrième lot renvoie aux matchs du dimanche à 13 heures et du multiplex du dimanche à 15 heures, plus un magazine du dimanche matin.
  • Les cinquième, sixième et septième lots comprennent, notamment, le Trophée des champions, les barrages de L1, du contenu digital ou deux autres magazines.

Le programme des rencontres de Ligue 1 évolue également : dès 2020, les rencontres organisées simultanément le samedi soir – en « multiplex » – disparaîtront, au profit de quatre rencontres le dimanche, à 15 heures. Une rencontre le même jour à 13 heures, pour toucher le marché asiatique, et l’enchaînement de trois affiches le vendredi, samedi et dimanche boucleront le nouveau programme hebdomadaire de la Ligue 1.

La LFP tente aussi, dans cette nouvelle formule, de se protéger d’une éventuelle déception en définissant des sommes minimales pour chaque lot, tenues secrètes. Si elles ne sont pas atteintes, même après les enchères, la LFP se réserve le droit de ne pas attribuer tous les droits cette année, pour relancer l’appel d’offres avant 2020.