Gérard Collomb, ex-PS le 24 mai 2018, à Marseille. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

En évoquant des manifestants « complices par passivité » des casseurs, samedi 26 mai au soir d’une journée unitaire de lutte contre la politique menée par Emmanuel Macron, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a provoqué l’ire de la gauche.

Ce qu’a dit le ministre de l’intérieur, interrogé sur BFM-TV :

« Ce qui est très étonnant, c’est que des black blocks puissent intervenir au milieu d’une foule qui finalement ne réagit pas. Si on veut garder le droit de manifester (…) il faut que les participants puissent s’opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être d’un certain point de vue, complices de ce qui se passe. »

Des propos qui ont fait dire dimanche au premier secrétaire du PS, Olivier Faure, que le ministre de l’intérieur (LRM, ex-PS) « n’est plus aujourd’hui à la hauteur de sa fonction ».

« Sa mission est de protéger les manifestants des casseurs. Il y a une inversion des rôles qui n’est pas compréhensible. Vous imaginez une famille qui vient manifester et à qui on dit “maintenant c’est vous, avec votre poussette, qui allez-vous battre contre les black blocks” ! C’est irresponsable ! », a-t-il lancé.

Le dirigeant socialiste a aussi critiqué les arrestations de lycéens entrés dans le lycée Arago, restés jusqu’à quarante-huit heures en garde à vue, accusant M. Collomb d’avoir cherché « pour les uns à les dissuader de manifester, pour les autres à les laisser casser ».

« Inadmissible », « scandaleux », « pathétique »

La députée de la France insoumise (LFI) Clémentine Autain a qualifié les propos de M. Collomb de « scandale » et de « déni démocratique absolument inadmissible », l’appelant à les retirer. « C’est une démission de l’Etat absolument incroyable », a également déclaré l’élue de Seine-Saint-Denis, dénonçant « une entreprise qui vise à nous stigmatiser comme responsables des violences, ce qui n’est pas le cas ».

Le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, a trouvé que c’était « pathétique », déplorant l’attitude « condescendante et paternaliste » du gouvernement.

Samedi soir, Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération·s, avait jugé « scandaleux que le ministre de l’intérieur mette sur le compte des manifestants le fait qu’il y ait des violences », notamment de blacks blocs que « même les CRS ont parfois du mal à canaliser ».

« La police doit protéger les manifestants au lieu de nous faire porter la responsabilité du comportement de quelques-uns, ultraviolents », avait lancé l’ancien candidat socialiste de la présidentielle.

Après ses propos télévisés, Gérard Collomb a écrit deux messages samedi sur Twitter, pour redire son attachement à la liberté de manifester, « une liberté fondamentale ».