Documentaire sur Histoire à 20 h 40

Etonnant destin que celui de Pierre Paul Rubens (1577-1640), génie qui n’aura rien d’un enfant prodige mais deviendra un artiste prodigue, dont le rutilant catalogue d’œuvres totalise quelque 3 000 pièces, dont 1 400 tableaux.

Lorsqu’il s’installe à Anvers, en 1608, la ville que sa famille avait fuie avant sa naissance en raison des guerres de religion, ­Rubens met au point une véritable fabrique à tableaux. Les commandes affluent, avec une liste d’attente de dix ans.

S’il réalise lui-même beaucoup d’entre elles – dont les portraits –, il fait appel à des assistants pour exécuter certains détails ou parties de ses grandes compositions, une collaboration habituelle chez les peintres.

Talent, charme et culture

L’homme est attaché à sa famille, qu’il représente souvent dans ses toiles (il perd sa femme et sa fille, mais se remariera avec la jeune sœur de son épouse défunte), vit une vie simple et frugale (végétarien avant l’heure, il proscrit la viande, dont la digestion pourrait compromettre sa ­vitalité créatrice).

Rubens est intelligent, cultivé, se fait lire les auteurs anciens en latin tandis qu’il converse et peint en même temps. Son talent, son charme et sa culture séduiront les monarques au fil de ses séjours et voyages en Italie (où il travaille pour la cour de Vincent Ier de Gonzague, duc de Mantoue) et en ­Espagne (où il est envoyé en mission diplomatique auprès de Philippe III puis de Philippe IV).

Halo sonore new age

De cette vie et de cette carrière, le documentaire de Jacques Lœuille fait un parcours informé et complet, malheureusement alourdi par un commentaire ennuyeux dit d’une voix neutre par Gérard Desarthe.

Il s’accompagne d’une partition originale intemporelle (des instruments anciens pris dans un halo sonore new age) de Nigji Sanges.

En faisant intervenir des spécialistes, des peintres d’aujourd’hui qui auraient pu apporter une lumière intéressante sur cet artiste prolifique et étonnant, ce documentaire aurait évité au télé­spectateur d’avoir l’impression tenace d’assister à une conférence filmée de Connaissance du monde ou à un cours magistral soporifique.

Rubens, peindre l’Europe, de Jacques Lœuille (Fr., 2017, 52 min.)