Eric Woerth, le 30 janvier 2018. / LUDOVIC MARIN / AFP

L’ancien ministre du budget Eric Woerth a été mis en examen pour « complicité de financement illégal de la campagne » en 2007 dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, a annoncé son avocat à l’Agence France-Presse (AFP), mardi 29 mai.

Cette mise en examen de l’ancien trésorier de la campagne et actuel président (Les Républicains) de la commission des finances de l’Assemblée nationale découle d’investigations de la police anticorruption, qui avait souligné, dans un rapport de septembre 2017, l’« ampleur de la circulation d’espèces » dans l’entourage du candidat de la droite, mis en examen en mars dans ce dossier.

Quelques minutes après l’annonce de cette mise en examen, le groupe LR à l’Assemblée nationale a tenu à apporter son soutien à M. Woerth dans un communiqué.

« Face à cette nouvelle épreuve qui lui est imposée, les députés Les Républicains, connaissant la probité d’Éric Woerth ainsi que son sens de l’intérêt général, lui renouvellent unanimement leur confiance et leur soutien et lui témoignent toute leur affection. »

Dans ce dossier, Nicolas Sarkozy a également été mis en examen en mars des chefs de corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de détournements de fonds publics libyens. L’ancien président de la République avait alors dénoncé une « manipulation d’une ampleur inédite ».

« Quel que soit le temps que ça prendra, je briserai les auteurs de la machination honteuse qui porte atteinte, au-delà de moi-même, à la fonction que j’ai exercée et à notre pays. »

Affaire révélée en 2012 par « Mediapart »

L’affaire avait été révélée en mai 2012 par le site Mediapart, qui avait publié un document libyen faisant état d’un financement par la Libye de la campagne de 2007 de M. Sarkozy. Depuis, les investigations ont considérablement avancé, notamment grâce à certains témoins-clés.

En novembre 2016, l’intermédiaire Ziad Takieddine avait ainsi affirmé avoir transporté cinq millions d’euros en liquide de Tripoli à Paris entre la fin de 2006 et le début de 2007 pour les remettre à Claude Guéant, puis à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur.

Les propos de M. Takieddine venaient confirmer ceux tenus, le 20 septembre 2012, par Abdallah Senoussi, l’ancien directeur du renseignement militaire du régime Kadhafi devant le procureur général du Conseil national de transition libyen. Les carnets d’un ancien ministre du pétrole libyen – Choukri Ghanem, mort en 2012 dans des circonstances encore troubles – récupérés par la justice française, mentionnaient également l’existence de ces versements. M. Takieddine a, depuis, été mis en examen pour « complicité de corruption d’agent public étranger » et pour « complicité de détournements de fonds publics en Libye ».