Traitement au glyphosate dans une exploitation agricole de Piace, dans le nord de la France. / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

L’Assemblée nationale a rejeté dans la nuit de lundi 28 à mardi 29 mai des amendements, y compris LRM, qui visaient à graver dans la loi agriculture et alimentation la sortie du glyphosate en 2021, le gouvernement voulant d’abord une solution pour les agriculteurs.

Après la décision de l’Union européenne en novembre de renouveler la licence de l’herbicide controversé pour cinq ans, Emmanuel Macron avait promis que la substance, principe actif du Roundup de Monsanto, serait interdite en France « dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans ».

Le glyphosate, herbicide le plus utilisé en France, est jugé cancérogène par l’Organisation mondiale de la santé.

Recherches sur les alternatives

Le chef de l’Etat « a fixé un objectif ambitieux et pragmatique » et « nous mettons toutes les chances de notre côté » en poursuivant notamment les recherches sur les alternatives, a déclaré le ministre de l’agriculture Stéphane Travert dans l’hémicycle.

« L’inscrire dans la loi, c’est relancer des tensions », a abondé le rapporteur Jean-Baptiste Moreau (LRM), lui-même agriculteur. « A ce stade, soyons en confiance » avec les agriculteurs, a aussi plaidé le chef de file LRM Richard Ferrand, menaçant de légiférer en cas de « mauvaise volonté ».

Des amendements notamment de la commission du Développement durable de l’Assemblée et de l’ex-ministre PS Delphine Batho (devenue députée non-inscrite), qui posaient un terme au 1er juillet 2021, ont été massivement rejetés.

Peur de ne pas tenir les promesses

Un amendement prévoyant l’échéance du 1er mai 2021, avec des dérogations possibles jusqu’en 2023, a été également repoussé par 63 voix contre 20. Il était porté par Matthieu Orphelin (LRM), proche de Nicolas Hulot, et cosigné par une cinquantaine de membres du groupe majoritaire. « Tout le monde s’attendait à ce que cette parole (d’Emmanuel Macron) soit transposée dans le texte », a rappelé l’ex-secrétaire d’Etat à la biodiversité Barbara Pompili (LRM), disant sa « peur » de ne pas arriver à « tenir » cette promesse « dans trois ans ».

Cet amendement a reçu le soutien du socialiste Guillaume Garot et de l’Insoumis Loïc Prud’homme qui a jugé le sujet « emblématique de ce qu’est le renoncement du gouvernement sur le modèle agricole ».

Les élus LR se sont fermement opposés aux amendements, par la voix de leur patron Christian Jacob qui a rejeté les « dogmes » et appelé à ne pas « pénaliser les agriculteurs ». « Seul le résultat compte », a plaidé dans le même sens Thierry Benoit (UAI).

Les députés MoDem, bien que partageant l’objectif d’une sortie du glyphosate, se sont majoritairement joints aux « contre », ne voulant pas d’une « surtransposition » de directive européenne.

Le ministre a proposé aux parlementaires une « commission de suivi » des avancées de la recherche sur les alternatives. Sur fond de « controverse scientifique sur sa dangerosité », il a aussi estimé nécessaire d’« approfondir les connaissances » sur le glyphosate même, en vue du prochain débat européen.