Le meurtre du journaliste Arkadi Babtchenko a provoqué un choc dans la profession en Russie et en Ukraine. / GLEB GARANICH / REUTERS

Avec l’assassinat du journaliste russe Arkadi Babtchenko, mardi 29 mai à Kiev, en Ukraine, la liste des journalistes opposés à la politique du Kremlin morts dans des circonstances violentes depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine s’est encore allongée. Voici quelques-uns des principaux noms d’une liste qui en comporte des dizaines d’autres :

  • Arkadi Babtchenko, 41 ans, tué le 29 mai 2018

Arkadi Babtchenko, en novembre 2017, à Kiev. / VITALIY NOSACH / AFP

Le journaliste russe Arkadi Babtchenko est mort mardi 29 mai, à Kiev, après avoir reçu trois balles dans le dos, alors qu’il était dans la cage d’escalier de son immeuble. Cet homme de 41 ans avait combattu dans l’armée russe lors des deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2000), avant de travailler comme reporter de guerre pour le journal Moskovski Komsomolets et la chaîne NTV. Il s’était ensuite rapproché de publications libérales, en particulier Novaïa Gazeta, l’employeur historique d’une autre journaliste assassinée, Anna Politkovskaïa.

Opposé à l’annexion de la Crimée, en 2014, et à la guerre menée par Moscou dans l’est de l’Ukraine, il s’était mué en critique virulent du régime de Vladimir Poutine. Il avait fui la Russie en février 2017 après avoir reçu des menaces de mort, consécutives à une violente campagne le visant sur Internet et sur les télévisions russes.

Les autorités ukrainiennes ont mis en cause la Russie dans cet assassinat ; piste aussitôt évoquée par certains journalistes ukrainiens. Pour sa part, Moscou a « exigé des autorités ukrainiennes d’employer tous les efforts en vue d’une enquête efficace ».

  • Pavel Cheremet, 44 ans, tué le 20 juillet 2016

Un homme rend hommage à Pavel Cheremet, assassiné à Kiev le 20 juillet 2016. / SERGEI SUPINSKY / AFP

Grande figure du journalisme en Ukraine, le Russo-Biélorusse Pavel Cheremet avait péri dans l’explosion d’une bombe placée sous sa voiture, en plein centre de Kiev, le 20 juillet 2016. Il avait longtemps travaillé en Russie, rejoignant les cercles libéraux et devenant notamment l’ami du dirigeant d’opposition Boris Nemtsov, assassiné en février 2015.

Face à la détérioration du climat politique en Russie, il s’était exilé dès 2012 en Ukraine, où il avait repris son rôle de journaliste enquêtant sur les pouvoirs en place. Cette affaire n’est toujours pas élucidée.

  • Anna Politkovskaïa, 48 ans, tuée le 7 octobre 2006

Une femme pose une fleur à côté de la photo de la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée en 2009 à Moscou. / NATALIA KOLESNIKOVA / AFP

La journaliste d’investigation et militante des droits humains Anna Politkovskaïa a été tuée par balle, le 7 octobre 2006, dans le hall de son immeuble, à Moscou. Dans le journal Novaïa Gazeta, cette femme de 48 ans dénonçait l’autoritarisme de Vladimir Poutine et les atteintes aux droits humains en Tchétchénie.

Cinq suspects — dont quatre Tchétchènes — ont été jugés et reconnus coupables du meurtre en 2014, mais le commanditaire de l’assassinat court toujours, et son nom n’a jamais été publiquement évoqué.

  • Natalia Estemirova, 50 ans, tuée le 15 juillet 2009

Manifestation à Moscou après la mort de Natalia Estemirova, en juillet 2009. / OXANA ONIPKO / AFP

Six autres journalistes ou collaborateurs de Novaïa Gazeta ont été tués entre 2000 et 2009, dont Natalia Estemirova, 50 ans, qui avait remplacé Anna Politkovskaïa au sein du journal.

Egalement militante des droits humains et représentante en Tchétchénie de l’ONG Memorial, elle avait été enlevée le 15 juillet 2009 à Grozny et retrouvée morte quelques heures plus tard en Ingouchie, république voisine du Caucase russe. Elle dénonçait les exactions du pouvoir local.

  • Anastassia Babourova, 25 ans, et Stanislas Markelov, 34 ans, tués le 19 janvier 2009

La journaliste Anastasia Babourova et l’avocat Stanislav Markelov. / NOVAYA GAZETA / AFP

Journaliste ukrainienne travaillant en Russie pour Novaïa Gazeta, Anastassia Babourova, 25 ans, a été tuée par balle en pleine rue, à Moscou, le 19 janvier 2009. Elle sortait d’une conférence de presse avec Stanislas Markelov, 34 ans. Cet avocat spécialisé dans la défense des victimes d’exactions en Tchétchénie a également été tué ce jour-là.

Stanislav Markelov venait de dénoncer la libération anticipée, une semaine auparavant, du colonel de l’armée russe Iouri Boudanov. L’officier avait été condamné à dix ans de prison en 2003 pour avoir violé puis étranglé, trois ans auparavant, une Tchétchène de 18 ans.

  • Paul Klebnikov, 41 ans, tué le 9 juillet 2004

Journaliste américain d’origine russe, Paul Klebnikov a été tué par balle le 9 juillet 2004. Rédacteur en chef de l’édition russe du magazine américain Forbes, il sortait de sa rédaction, à Moscou, quand des hommes à bord d’une voiture ont ouvert le feu dans sa direction. Touché à quatre reprises, il est mort à l’hôpital. Il est le premier journaliste étranger à avoir été assassiné en Russie post-soviétique. Après avoir attribué le meurtre à un indépendantiste tchétchène, les autorités russes ont finalement rouvert l’enquête judiciaire en 2009.