L’Ethiopie a libéré, mardi 29 mai, un haut responsable d’un groupe d’opposition armé dont l’arrestation et l’extradition du Yémen, en 2014, avaient été critiquées internationalement, notamment par le Royaume-Uni. Andargachew Tsige, un Anglo-Ethiopien, fait partie des centaines de prisonniers graciés la semaine dernière et qui ont quitté leur prison, a rapporté la radio-télévision proche du pouvoir Fana Broadcast Corporate. « Plus de 500 prisonniers, dont Andargachew, ont été libérés de prison », selon la même source.

Le secrétaire d’Etat britannique des affaires étrangères, Boris Johnson, s’est félicité de la libération d’Andargachew. Londres avait critiqué le Yémen pour avoir arrêté Andargachew à l’aéroport de Sanaa alors qu’il était en route pour l’Erythrée et l’avoir renvoyé en Ethiopie. Andargachew, haut responsable du groupe Ginbot 7, est le plus connu des dissidents libérés depuis qu’Abiy Ahmed est devenu premier ministre en avril.

Le groupe Ginbot 7 est considéré comme terroriste par Addis-Abeba. L’Ethiopie avait accusé Andargachew Tsige de fomenter des attaques et d’entraîner des groupes d’opposition en Erythrée voisine. Peu après son arrestation, Andargachew était apparu à la télévision d’Etat, proclamant « la paix » avec l’Ethiopie et promettant de « se calmer ».

Des poursuites abandonnées

« La décision [de les libérer] a été prise car ces personnes ont exprimé des remords », avait déclaré le procureur général d’Ethiopie, Birhanu Tsegaye. Mardi, Fana Broadcast Corporate a rapporté que le procureur avait aussi abandonné les poursuites contre le dirigeant de Ginbot 7, Berhanu Nega, et contre deux médias d’opposition basés aux Etats-Unis, Oromia Media Network (OMN) et Ethiopian Satellite Television.

Les poursuites ont aussi été abandonnées contre le fondateur d’OMN, Jawar Mohammed, critique du gouvernement qui a organisé des grèves et des manifestations. M. Berhanu, qui a déjà été condamné à mort, vit à l’étranger, tout comme M. Jawar.

Des organisations de défense des droits humains ont par le passé reproché à l’Ethiopie d’utiliser le groupe Ginbot 7 comme prétexte pour poursuivre des hommes politiques et des journalistes opposés au régime de parti unique du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF).

Depuis le début de l’année, l’Ethiopie a libéré des milliers de prisonniers dans le cadre d’amnisties qui avaient débuté à l’époque du précédent premier ministre, Hailemariam Desalegn, et ont été poursuivies par son successeur. L’état d’urgence est en vigueur dans l’ensemble de l’Ethiopie, le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, depuis la démission de M. Hailemariam en février.