L’avis du « Monde » – à voir

Victimes des lois patriarcales et de la corruption judiciaire et policière, deux jeunes filles de la province pakistanaise du Sindh sont en passe d’être spoliées de leur héritage. Si l’on fréquente régulièrement les salles d’art et d’essai, on s’attendra, après avoir pris connaissance de cet énoncé, à un film austère, scandé par les travaux des champs. Il se trouve que le réalisateur Sarmad Masud, qui vit au Royaume-Uni et a tourné dans son pays d’origine, le Pakistan, a préféré lorgner du côté de John Carpenter (Assaut) que vers les grands classiques du cinéma rural de sa région.

Inspiré de l’histoire de Nazo Dharejo, héroïne féministe pakistanaise, My Pure Land est avant tout le récit d’un siège, celui de la propriété familiale de Nazo (Suhaee Abro) et Saeda (Eman Malik), par une bande armée emmenée par un oncle félon. Dans cette campagne, les AK47 font partie de l’outillage de l’exploitation modèle et le père de Nazo n’a pas manqué d’en enseigner le maniement à sa fille.

Séquences d’action tendues

Le scénario entrelace les séquences d’action – laconiques, tendues – et les retours en arrière qui esquissent une image de l’insécurité juridique que fait peser sur les femmes le mélange du droit coutumier, de la corruption et du cycle de la vengeance. Nazo et Saeda comptent et recomptent les balles de 7,62 pour tenir le plus longtemps possible, mais aussi pour laver les affronts faits à leur clan. Les paysages bucoliques dissimulent des périls mortels et les figures de la comédie campagnarde (le policier fanfaron, le fonctionnaire timoré) se muent en créatures menaçantes.

L’interprétation, pas toujours irréprochable, les ficelles mélodramatiques un peu voyantes n’empêchent pas My Pure Land de se distinguer par son énergie et son originalité.

Film britannique et pakistanais de Sarmad Masud. Avec Suhaee Abro, Eman Malik, Razia Malik, Syed Tanveer Husain (1 h 32). Sur le Web : www.septiemefactory.com/my-pure-land