Sans être un « plan Marshall » en faveur des maisons de retraite, l’effort financier est significatif. Plusieurs dizaines de millions d’euros de dépenses annuelles nouvelles en faveur de l’amélioration des soins pour les personnes âgées ont été annoncées par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, mercredi 30 mai, lors de la clôture des rencontres entre l’Assemblée des départements de France et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Aucun chiffrage global n’a cependant été communiqué par le ministère.

Cette feuille de route « grand âge et autonomie » constitue la première réponse du gouvernement à la colère des personnels et des directeurs des 7 573 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) qui se sont massivement mis en grève à deux reprises depuis le début de l’année, pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et des conditions d’accueil des résidents. « S’il constitue un réel pas en avant, [ce plan] n’est clairement pas à la hauteur des attentes », a immédiatement réagi dans un communiqué l’AD-PA (association des directeurs au service des personnes âgées), une organisation de directeurs d’Ehpad.

143 millions d’euros de plus

Dans le catalogue de mesures présentées mercredi par la ministre, la plus visible – et la plus attendue – porte sur l’augmentation du nombre de soignants auprès des résidents. Grâce à une accélération du calendrier de mise en œuvre de la réforme de la tarification des soins dans les Ehpad, c’est 143 millions d’euros de plus qui devraient venir s’ajouter aux 217 millions déjà prévus pour la période 2019-2021.

Ce budget ne permettra pas d’atteindre le ratio de 60 soignants pour 100 résidents

Le ministère de la santé n’explicite toutefois pas combien de postes d’infirmières ou d’aides-soignantes supplémentaires ce budget pourrait créer. Il ne permettra en tout cas pas d’atteindre le ratio de 60 soignants pour 100 résidents préconisé en mars par la mission d’information parlementaire menée par les députées Monique Iborra (LRM) et Caroline Fiat (LFI) et repris par les organisations syndicales.

Augmentation du nombre d’infirmières de nuit

Agnès Buzyn a également annoncé une augmentation du nombre d’infirmières de nuit dans les Ehpad, via une « astreinte infirmière mutualisée entre plusieurs établissements d’un même territoire ». Une mesure qui coûtera 10 millions d’euros en 2019 et 16 millions en 2020, et qui devrait permettre de « réduire les hospitalisations en urgence évitable ». C’est dans ce même objectif que le plan prévoit de « généraliser » l’accès à la télémédecine pour les personnes âgées, avec un budget de 40 millions d’euros sur la période 2018-2022.

100 millions d’euros chaque année pour les Ehpad les plus anciens

Parmi les autres mesures significatives, la promesse d’accorder 100 millions d’euros chaque année à partir de 2019 pour rénover les Ehpad les plus anciens, 15 millions pour développer « l’habitat inclusif » (permettant de vivre à plusieurs dans un même ensemble de logements, en mutualisant une aide quasi-permanente), ou encore 16 millions d’euros d’ici à 2022 pour renforcer le nombre et les effectifs des équipes mobiles de gériatrie (EMG). Mille places provisoires en Ehpad seront par ailleurs réservées aux personnes âgées qui souhaiteraient y être hébergées temporairement après une hospitalisation.

D’autres dispositions du plan ne devraient en revanche rien coûter mais faciliteront la vie des personnes âgées qui vivent encore chez elles. A partir du 1er juin, les services d’hospitalisation à domicile pourront travailler de manière conjointe avec les services de soins (services de soins infirmiers à domicile), ce qui permettra à la personne âgée de garder ses repères. Certaines annonces restent enfin au stade des bonnes intentions, comme l’engagement de déployer un « plan global d’aide aux aidants ».