En septembre 2013, Stephan Turk avait ouvert le feu en direction du scooter au moyen duquel s’enfuyaient les deux jeunes hommes qui venaient de braquer sa boutique. / VALERY HACHE / AFP

Cinq ans de prison avec sursis. C’est la peine requise jeudi 31 mai contre Stephan Turk, un bijoutier niçois. Il avait tué en 2013 un jeune braqueur qui prenait la fuite après l’avoir dévalisé. Le verdict est attendu dans la soirée après la plaidoirie de la défense.

« On a beaucoup dit que c’était le procès de la légitime défense, ce n’est pas vrai (…), il n’y a pas d’autre solution que d’écarter la légitime défense », a déclaré au cours de son réquisitoire l’avocate générale Carole Chassain : « Au moment où il prend son arme, M. Turk, il n’y a plus de danger pour lui (…), l’agression est terminée quand M. Turk choisit de prendre son arme. »

La magistrate a également énuméré les preuves, à ses yeux, de l’intention homicide de l’accusé, qui encourt trente ans de réclusion criminelle : le choix d’une arme létale, de calibre 7.65, alors qu’il avait aussi à sa disposition un pistolet Gomme Cogne, qui tire des balles de caoutchouc, la posture de tir, le fait qu’il connaissait bien les armes, et le fait qu’il ait ajusté sa visée pour éviter une balle perdue.

Mme Chassain a toutefois estimé que le vol avec arme dont venait d’être victime l’accusé constituait « une circonstance atténuante » : « Ce n’est pas un meurtre de sang-froid », a-t-elle pointé.

Un climat « nauséabond »

Jeudi matin, les avocats de la famille de la victime Anthony Asli, mort à l’âge de 19 ans, se sont succédé à la barre pour appeler les jurés à ne pas céder aux arguments du bijoutier, qui plaide la légitime défense depuis cinq ans.

« Il s’agit d’un meurtre, et de légitime défense il n’y a en a jamais eu », a plaidé Me Philippe Soussi, appelant à appliquer la loi avec un verdict « équilibré, humain, émouvant » sans rien céder à « la clameur publique ». « Il y aurait une loi Stephan Turk tu me prends mon bien, je te tue ? », a-t-il demandé aux jurés.

Dénonçant le climat « nauséabond » déclenché par l’affaire, récupérée par des élus, il a lu à l’audience les messages de soutien reçus par le bijoutier sur les réseaux sociaux, certains posts regrettant qu’il n’ait pas tué le second braqueur, Ramzi Khachroub, condamné à dix ans de prison en appel.

En septembre 2013, Stephan Turk avait ouvert le feu vers le scooter sur lequel s’enfuyaient les deux jeunes hommes qui venaient de braquer sa boutique. L’une des balles avait touché mortellement dans le dos Antony Asli, 19 ans.

Rapidement mis en examen, le bijoutier avait reçu de nombreuses marques de soutien, renouvelées notamment par le Front national et le maire Les Républicains de Nice, Christian Estrosi, à l’ouverture de son procès lundi devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes.