Ada Hederberg, l’attaquante de Lyon, le 24 mai 2018 à Kiev / FRANCK FIFE / AFP

Un câlin et une caresse sur la joue. On a rarement vu accolade si chaleureuse après un match si disputé. La scène se déroule après la rencontre de D1 féminine PSG-OL vendredi 18 mai, entre une joueuse parisienne et une Lyonnaise… qui portent le même nom. Les deux ne sont autres que les sœurs Andrine et Ada Hegerberg.

« C’était un moment très particulier », confirment les deux Norvégiennes. Après des années passées à s’entraîner ensemble, c’était la première fois qu’elles s’affrontaient lors d’un match officiel. Et aucune n’est repartie fâchée : match nul et vierge (0-0).

Jeudi à Strasbourg, c’est une autre histoire. Les deux sœurs vont bien devoir se départager pour la finale de la Coupe de France. « C’est un plaisir de jouer sur le même terrain, même si ce n’est pas pour la même équipe », confie la plus jeune Ada, 22 ans, à l’OL depuis 2014. « Ce sera plus difficile pour nos parents ! » plaisante-t-elle.

Une meneuse et une buteuse

Le vrai défi de la soirée est du côté des Parisiennes. Les coéquipières d’Andrine Hegerberg veulent faire tomber les Lyonnaises qui règnent sans partage sur la D1 féminine depuis douze ans et se sont adjugé les six dernières Coupes de France. L’OL compte aussi trois Ligues des champions en trois ans.

Des succès auxquels Ada contribue avec des statistiques affolantes. Meilleure buteuse du championnat avec 31 buts en 22 matchs, elle s’est aussi offert le record de buts sur une saison de Ligue des champions avec la bagatelle de 15 réalisations cette année.

En face, Andrine, 24 ans, arrivée au PSG cet hiver pour renforcer le milieu de terrain, met un peu de temps à s’imposer parmi les cadres. Mais c’est bien elle qui a failli offrir la victoire aux Parisiennes sur une frappe lointaine après son entrée en fin de match lors du duel en championnat. Cette année, seul le club parisien a réussi à accrocher les Lyonnaises en D1.

Une famille de footeux

Mais avant Ada et Andrine adversaires, il y a eu Ada et Andrine partenaires en équipe et à la maison. Chez elles, on a le football dans le sang. Dans la famille Hegerberg, il y a le père, Stein Erick, ex-joueur de deuxième division norvégienne, le frère, Silas, qui a suivi son père, et la mère, Gerd, ex-joueuse de première ligue.

Alors c’est tout naturellement que, petite, Andrine suit son frère à ses camps d’entraînement de foot. « Je devais être la petite sœur énervante », raconte-t-elle. Dans l’équipe de Sunndal, leur village d’origine peuplé de 7 000 habitants, la jeune milieu de terrain se démarque vite parmi les garçons. Le club est alors entraîné par sa mère.

En 2009, les Hegerberg déménagent en banlieue de la capitale, Oslo. À 16 ans, Andrine a du talent et débute dans le championnat de Norvège avec l’équipe de Kolbotn IL. Ada en a 14, elle signe l’année suivante.

Les deux sœurs ne se quittent pas. En 2012, elles rejoignent le Stabaeck Fotball, de l’autre côté d’Oslo, remportent la Coupe de Norvège ensemble. « On formait un duo, moi je faisais la passe, et elle marquait », poursuit Andrine. Elles partent ensuite pour Potsdam en Allemagne, un des championnats européens les plus relevés. En 2013, les deux finissent vice-championnes d’Allemagne à 19 ans pour Andrine, 17 pour Ada.

Deux sœurs pour une Coupe

Puis leurs routes se séparent. En 2014, Ada signe à l’Olympique lyonnais, entre-temps sa sœur passe par Göteborg, un prestigieux club suédois, et Birmingham, en Angleterre. Les deux ne jouent plus sur le même terrain mais se retrouvent régulièrement en Norvège pour s’entraîner ensemble. Et puis, il y a la sélection nationale où les sœurs se retrouvent, notamment pendant l’Euro 2017 aux Pays-Bas.

« À table on refait les matchs, mais on parle aussi d’autres choses, Andrine c’est aussi ma meilleure amie », explique Ada. Les deux affichent leur complicité à coups de photos sur les réseaux sociaux Instagram et Twitter. Mais la rivalité n’est jamais loin. « Des fois, on joue ensemble, et tout à coup ça devient une compétition », s’amuse l’aînée Andrine.

Après avoir remporté une Coupe de Norvège ensemble, elles rêvent toutes les deux de la Coupe de France ce jeudi. « Elle a déjà gagné beaucoup de trophées, elle sera contente pour moi », chambre la Parisienne. De son côté, la meilleure buteuse du championnat aborde la finale avec sérénité : « que la meilleure sœur gagne ».