Le DAS mesure les émissions d’ondes des mobiles dans les pires conditions, quand l’antenne est éloignée et difficile à joindre par exemple. / PXHERE / CC0

Chaque année, l’Agence nationale des fréquences radio (ANFR) analyse de nombreux mobiles pour vérifier qu’ils respectent les normes d’émission électromagnétiques européennes, mesurées pendant les communications mobiles et Wi-Fi. L’agence publique a annoncé mardi 29 mai que quatre smartphones dépassaient le seuil de débit d’absorption spécifique (DAS) maximal autorisé, fixé à 2 watts par kilogramme (W/kg). Les mobiles épinglés sont :

  • le TCL Echo Star Plus (2,01 W/kg)
  • l’Honor 8 (2,11 W/kg)
  • l’Alcatel PIXI 4 de 6 pouces (2,4 W/kg)
  • le Neffos X1 (2,52 W/kg)

L’Honor 8, un smartphone populaire, fait partie des smartphones incriminés. / Honor

Prévenus par l’ANFR, TCL, Honor et Alcatel ont créé des pansements logiciels qui corrigent ce problème avant l’annonce publique de ces dépassements. Ces mises à jour sont reçues et installées automatiquement quand les téléphones sont connectés en 3G ou en 4G. Dans certains cas, elles doivent toutefois être d’abord acceptées par l’utilisateur. Par prudence, l’ANFR recommande aux propriétaires des smartphones épinglés de vérifier la bonne installation de la mise à jour. Trois modes d’emploi rédigés par les constructeurs ont été postés sur son site.

L’antidote est déjà là

L’efficacité de ces pansements logiciels a été contrôlée par l’ANFR, qui a mesuré les niveaux de DAS de ces mobiles, une fois mis à jour, à des valeurs proches de 1,5 W/kg. Le problème du Neffos X1, en revanche, n’a pas pu être réglé à distance. A la suite des mesures de l’ANFR, Netflos a lancé une campagne de rappel concernant près de 90 000 appareils. Les clients pourront procéder à un échange gratuit, explique le constructeur sur son site.

Le signalement de ces quatre dépassements fait suite à celui du smartphone Hapi30 d’Orange en avril. Depuis le début des mesures, en 2006, ces cinq dépassements sont les tout premiers constatés par l’ANFR, qui teste environ 80 smartphones chaque année, choisis en fonction de critères en partie secrets. « Les smartphones des nouveaux constructeurs et les modèles très populaires ont de bonnes chances d’être contrôlés », précise au Monde Gilles Brégant, le directeur général de l’ANFR.

Pas d’aggravation du problème

Ces dépassements ne signalent pas pour autant un dérapage de la part des fabricants, mais plutôt le resserrement des mesures du DAS. Jusqu’à récemment, les fabricants pouvaient choisir la distance à partir de laquelle ils mesuraient les émissions vers le corps, située entre 0 et 25 mm. Depuis 2017, la distance a été fixée par la Commission européenne à 5 mm. Après quoi les valeurs mesurées ont augmenté sensiblement, forçant les fabricants à abaisser la puissance des antennes de leurs mobiles pour diminuer les émissions.

L’indice DAS mesure le niveau maximal d’émissions de radiofréquences : quand l’appareil fonctionne à pleine puissance, dans les plus mauvaises conditions d’utilisation. Les mesures sont effectuées sur des tissus humains : le niveau maximal du DAS est fixé en fonction du seuil à partir duquel on observe des modifications des tissus exposés, et notamment leur échauffement. Le seuil de 2 W/kg a été fixé en tenant compte d’une importante marge de sécurité. En 2017, la Commission de la sécurité de consommateurs, une autorité administrative indépendante (depuis disparue), expliquait que ce chiffre était cinquante fois moins élevé que le seuil constaté par les chercheurs.