Séance de dégustation au salon Vinexpo à Hongkong, le 29 mai. / ANTHONY WALLACE / AFP

A sa manière assurée de faire valser le vin contre la paraison de son verre, d’en examiner la robe, d’en respirer l’arôme à pleins poumons, d’en aspirer un peu pour le faire glouglouter et de s’en rincer la bouche, on sent tout de suite le connaisseur. Il avale enfin et balance alors la tête d’un air approbateur. Ce n’est pas tous les jours que l’on boit du clos-vougeot (premier cru) à l’heure du goûter…

Mais au stand du Château de Santenay (propriété de Crédit agricole Grands Crus) du salon international du vin Vinexpo, qui s’est tenu à Hongkong du 29 au 31 mai, le jeune consultant chinois Zhao Jun est connu. Il promène avec lui quelques acheteurs pour des chaînes de supermarchés en Chine, auxquels il souhaite faire découvrir les subtilités des vins de Bourgogne.

« Avant on ne connaissait que le bordeaux »

La Bourgogne, c’est la nouvelle histoire d’amour de l’amateur chinois, qui fut initié au vin avec les tannins bordelais et qui est désormais en quête de nouveauté. « C’est très clair depuis le début du salon : ce qui attire cette année, ce sont les étiquettes et les appellations bourguignonnes », observe Fanny de Kepper, directrice commerciale des Vignes Olivier Decelle.

« Avant on ne connaissait que le bordeaux. A présent, mes clients aiment la pureté du vin de Bourgogne », note Zhao Jun, pour qui la simplicité des cépages (pinot noir et chardonnay) compense un peu la complexité des 1 247 « climats » (parcelles). « Quand j’ai fait mon tout premier voyage en Chine, en 1998, le marché était quasi inexistant. D’ici trois ans, la Chine devrait devenir le second marché mondial, derrière les Etats-Unis. Et même si Bordeaux domine largement, les vins de Bourgogne connaissent un véritable engouement », confirme Guillaume Deglise, le directeur de Vinexpo.

Des records de prix historiques

Le potentiel est immense : la consommation chinoise par an et par habitant est actuellement de 1,4 litre, dix fois moins qu’aux Etats-Unis (13 litres) et 33 fois moins qu’en France (47 litres).

Une autre tendance de fond profite à la Bourgogne. « Les femmes chinoises se mettent au vin et, à la différence des hommes, elles aiment le blanc. Or la Bourgogne produit 60 % de vins blancs », souligne Thibault Gagey, fils du propriétaire de la Maison Louis Jadot, Pierre-Henry Gagey. Il s’inquiète toutefois de l’effet aggravant que cet enthousiasme chinois risque d’avoir sur les prix, qui ont déjà atteint des records historiques du fait de petites récoltes et d’excellents millésimes.