« It’s a bird… It’s a plane… No, it’s Superman ! » Depuis 1938, « Superman, l’homme d’acier » et cette phrase devenue mythique habitent la culture populaire américaine.

Archétype du superhéros, Kal-El – de son nom de baptême extraterrestre – est aussi un immigré qui fête cette année ses 80 ans. Seul survivant de Krypton, sa planète d’origine, il a été recueilli bébé par un couple d’agriculteurs du Kansas, qui lui donnent le nom de Clark Kent avant qu’il ne parte à Metropolis pour y devenir journaliste.

Un héros immigré et juif

Superman, « champion des opprimés » voit le jour aux Etats-Unis en pleine montée de périls pour les juifs, en Allemagne, en Italie et en URSS. Ses créateurs, Jerry Siegel et Joe Shuster, sont deux juifs d’origine européenne, établis à Cleveland, dans l’Ohio.

Leur personnage a grandi dans une ferme et incarne parfaitement l’espoir du rêve américain : une métaphore pour ces immigrés ayant fui l’Europe dans les années 1930 dans l’espoir de trouver la paix et la prospérité aux Etats-Unis.

Au printemps 1938, l’ancêtre de DC Comics publie une nouvelle série, Action Comics. Dans son premier numéro, treize pages sont consacrées à ce nouveau superhéros. Le succès est au rendez-vous. Un an plus tard, à peine, DC Comics crée la série « Superman ».

Logiquement, au cours de la seconde guerre mondiale, leur personnage va lutter contre les nazis, détruire le mur de l’Atlantique, comme dans le numéro 44 d’Action Comics, de janvier 1942, et la ligne Siegfried, ce qui poussera Joseph Goebbels, le ministre de la propagande d’Hitler, à lancer, lors d’une réunion : « Superman est juif ! »

Comme le rappelait en 2007 l’exposition « De Superman au Chat du rabbin, bande dessinée et mémoires juives » au Musée d’art et d’histoire du judaïsme, presque tous les créateurs de superhéros sont juifs, originaires d’Europe centrale : Bob Kane (Batman) ; Will Eisner (Le Spirit) ; Jack Kirby (Les Quatre Fantastiques, Hulk, les X-Men) ; Joe Simon (Captain America) et Stan Lee (Spider-Man).

Un héros toujours pertinent

Mais quatre-vingts ans après sa création, malgré toutes ses déclinaisons – films, jeux vidéo, dessins animés, séries télé –, malgré son immuable costume aux couleurs des Etats-Unis, siglé du célèbre « S » sur fond jaune, malgré son slip rouge sur son collant bleu, malgré son côté trop lisse, surtout comparé à d’autres héros plus complexes comme Spider-Man ou les X-Men, le personnage reste pertinent, ancré dans la réalité.

En 1963, il part « En mission pour le président Kennedy », un numéro que JFK ne verra pas, puisqu’il est assassiné avant sa publication. En 2011, Superman a souhaité se défaire de sa nationalité américaine, se sentant trahi par le gouvernement, ou en juillet 2017, un mois après la tuerie de Charlottesville, il sauve des travailleurs immigrés d’un suprémaciste blanc paupérisé, en écho aux violences de l’extrême droite américaine. Loin de la réappropriation du superhéros par l’un des porte-parole de la Maison Blanche qui, le 20 janvier, comparait le président Trump à… Superman.

Comme le rappelait Vox, en 2017, Superman a toujours lutté contre l’injustice, comme l’illustrait une affiche des années 1950 sur laquelle il interpellait des élèves :

« Souvenez-vous que votre école – comme notre pays – est composée d’Américains d’origines, de races et de religions différentes… Si vous entendez quelqu’un s’en prendre à un de vos camarades de classe ou quelqu’un d’autre en raison de sa religion, sa race ou de son origine, n’hésitez pas : dites-lui que ce type de conversation est contraire à l’Amérique. »