Mélina Boughedir a été condamnée à la prison à perpétuité pour appartenance à l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), dimanche 3 juin à Bagdad (Irak). Capturée le 8 juillet 2017 à Mossoul par les forces irakiennes avec ses quatre enfants mineurs, cette Française avait été condamnée à sept mois de prison pour entrée illégale sur le territoire irakien par la cour pénale de Bagdad, le 19 février. Aucune accusation pour terrorisme n’avait été retenue par le juge d’instruction.

Mais lors de l’examen de l’appel – automatique en Irak – à la fin mars, le Conseil suprême des juges a ordonné un nouveau procès et a décidé de requalifier les charges pesant contre la Française pour y ajouter l’accusation d’appartenance à l’Etat islamique. La jeune femme de 27 ans, dont trois des quatre enfants ont été rapatriés en France, risquait la peine capitale.

« Je suis innocente », a-t-elle lancé au juge en français tandis qu’un traducteur l’assistait. « Mon mari m’a dupée et ensuite il a menacé de partir avec les enfants », a-t-elle plaidé. En avril déjà, la même cour centrale pénale de Bagdad avait condamné à la perpétuité une autre Française, Djamila Boutoutaou, 29 ans, qui avait affirmé avoir été, elle aussi, dupée par son mari.

Le sort de Mélina Boughedir, emblématique de la situation des djihadistes français capturés en Syrie et en Irak, est un motif d’embarras pour Paris. Samedi 2 juin, les avocats de la Française avaient dénoncé dans une lettre de récents propos de Jean-Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères français, la qualifiant de « combattante ».

La défense de Mme Boughedir plaide pour qu’elle rentre en France, où « un juge d’instruction a signifié par un mandat d’arrêt qu’il souhaitait la voir dans son bureau », selon son avocat, William Bourdon, présent à Bagdad. En France, la jeune femme est visée par un mandat de recherche délivré dans le cadre d’une information judiciaire ouverte à Paris le 2 août 2016, pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », selon une source judiciaire. Mais en l’absence de convention d’extradition, l’Irak n’est pas obligé de se conformer à ce mandat d’arrêt international.

« La justice irakienne est légitime à juger, elle a pris sa décision », a réagi Christophe Castaner, le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement et délégué général de La République en marche, lors du « Grand Rendez-vous » sur Europe 1 et CNews.