Andrea Dovizioso (Ducati rouge) et Valentino Rossi (Yamaha bleue) célèbrent respectivement leurs 2e et 3e place au Grand Prix d’Italie le 3 juin. / FILIPPO MONTEFORTE / AFP

« L’important c’est demain », avait prévenu Valentino Rossi, nonuple champion du monde de Moto GP, alors qu’il refusait de s’enthousiasmer après avoir décroché la pole position sur le circuit de Mugello, le 2 juin – une pole position agrémentée d’un record absolu du tour. Le lendemain, il finit 3e du Grand prix d’Italie au guidon de sa Yamaha et monte sur le podium derrière les Ducati de Jorge Lorenzo et Andrea Dovizioso.

Une troisième place synonyme de 15 points qui lui permettent non seulement de revenir à 23 encablures de son rival (Honda) Marc Marquez – parti 6e, il termine 16e après avoir chuté au 5e tour. Mais surtout 15 points qui, ajoutés aux 4 989 acquis depuis le début de sa carrière, lui font dépasser la barre des 5 000 points inscrits en Moto GP et confortent sa longue avance sur son dauphin, Dani Pedrosa (Repsol Honda Team), à 2 882 points, et Jorge Lorenzo, 3e à 2 753 points.

La Ducati #99 de l’Espagnol Jorge Lorenzo précède la Yamaha #46 de l’Italien Valentino Rossi sur la piste de Mugello (Italie), le 3 juin. / Antonio Calanni / AP

Un tour de la Terre

Le pilote italien poursuit ainsi sur sa lancée. Depuis le 18 mars, Valentino Rossi est en effet entré dans une autre dimension, celle des légendes. Ce jour-là, en courant le Grand Prix du Qatar, le « Docteur », comme son public le surnomme, a décroché le record du nombre de saisons consécutives courues en inscrivant des points au championnat du monde, soit 23.

En bouclant le 15e tour de la course du Grand Prix d’Espagne, le 6 mai à Jerez, Valentino Rossi avait battu un autre record, celui du premier pilote à avoir parcouru l’équivalent d’un tour du monde, soit 40 075 km.

Un enchaînement de records qui s’explique par sa longévité. Il a en effet inscrit ses premiers points lors du Grand Prix de Malaisie de 1996. À titre de comparaison, Alex Rins, actuel plus jeune engagé du championnat Moto GP, était alors âgé de trois mois. Depuis vingt-trois ans donc, Valentino Rossi enchaîne les championnats, égalant le record de l’Espagnol Angel Nieto, treize fois champion du monde, avant de mourir le 13 août 2017 après avoir été percuté alors qu’il conduisait son quad, à 70 ans. Il détenait le plus grand nombre de victoires (90 en 50, 80 et 125 cm3) derrière Giacomo Agostini (15 fois champion du monde, 122 victoires en GP) et… Valentino Rossi (115).

Casque tricolore

Mais à la différence de ses illustres prédécesseurs, Valentino Rossi ne conjugue pas records et fin de carrière. Contrairement aux pilotes « d’avant », lui a su s’adapter à la révolution de l’électronique, qui a de plus en plus d’importance sur la conduite des motos. Il court par ailleurs sur des cylindrées bien supérieures. Aux 125 cm3 de 1996 et 1997 ont succédé deux saisons en 250 cm3, autant en 500 cm3 puis depuis 2002 les Moto GP.

D’où son large sourire, samedi, alors qu’il terminait les qualifications par une pole position. Cette première place sur la grille, il ne l’avait plus obtenue depuis le Grand Prix du Japon 2016 ; une 55e pôle, décrochée le jour de la fête nationale italienne… D’où la présentation de son nouveau casque aux trois couleurs de l’Italie, alors que son pays traverse un épisode politique délicat.

Le vétéran du circuit marque son retour sur le devant de la scène. Après une année 2015 épique, marquée par son duel avec Marc Marquez, et perdu lors de la dernière course, Valentino Rossi était relégué à une deuxième place mondiale qu’il a mis longtemps à digérer. Deuxième encore en 2016, 5e l’an dernier, beaucoup de commentateurs le voyaient sur la pente descendante. Parallèlement, dans les ateliers Yamaha, la moto apparaissait moins performante. « En 2015-2016, j’avais un sentiment de sécurité sur la M1 que je ne retrouve plus, confirmait Valentino Rossi à L’Equipe le 3 juin. Désormais, l’électronique est très importante et en ce domaine nous sommes largués par nos concurrents. »

Contrat prolongé jusqu’en 2020

Ce qui ne l’a pas empêché de terminer sur le podium du Grand Prix de France au Mans le 20 mai, derrière Marc Marquez et Danilo Petricci. Et de prôner la révolution, comme en 2003 lorsqu’un certain Maszao Furusawa, nouveau patron de Yamaha, a remonté la team et débauché le déjà pas très jeune Valentino Rossi de chez Honda.

Il ne cachait pas sa joie, enfantine, dimanche 3 juin debout sur sa monture, de fêter sa troisième place devant son public. « À ce moment-là, à mon âge, je veux savourer ces bons moments. Je ne sais pas combien d’autres pôles je vais pouvoir réaliser dans ma carrière, surtout à Mugello. (…) Mais c’est une super émotion. »

Le pilote italien de l’équipe Movistar Yamaha Valentino Rossi finit 3e du Grand Prix d’Italie en MotoGP le 3 juin. / TIZIANA FABI / AFP

Au premier trimestre, Valentino Rossi a prolongé son contrat avec Yamaha jusqu’en 2020, ce qui devrait lui permettre de passer le cap du quart de siècle en championnat moto GP. Même s’il réfute toute volonté de décrocher un 10e titre mondial, il pointe 4e au général, mieux qu’en 2017. Prochain rendez-vous, le 17 juin sur le Catalunya près de Barcelone pour le Grand Prix d’Espagne