L’épreuve de philosophie sera, comme chaque année, la première du baccalauréat. Elle se tiendra le lundi 18 juin 2018. / FREDERICK FLORIN / AFP

Lundi 18 juin à 8 heures, les élèves de terminale commenceront les épreuves écrites du bac 2018 par celle de philosophie. A deux semaines de la date, Emilie Bathier, professeure agrégée de philosophie, livre ses conseils de révisions et de méthodologie, des exemples de sujets ou encore des vidéos de cours et autres ressources en ligne, et explique :

« Cette épreuve fait peur, ses sujets sont repris et corrigés sur tous les médias, qui interrogent à leur sortie les candidats comme s’ils sortaient d’un ring de boxe. S’en remettre à l’inspiration du moment pour la réussir ne suffit pas : il faut acquérir une méthode et s’appuyer sur des connaissances qui n’ont pas à être récitées par cœur, mais qui restent nécessaires à la réflexion. Si la meilleure préparation reste les cours suivis pendant l’année et les entraînements réguliers, on peut néanmoins trouver sur Internet matière à baliser ses révisions. »

Voici ses conseils et sites Internet utiles :

Commencer par le commencement

Au bac, le candidat a le choix entre trois sujets, traditionnellement pris dans des parties différentes du programme (c’est une pratique, pas une règle) : deux dissertations, et un texte à expliquer – en suivant des questions pour les séries technologiques.

La méthode détermine la manière d’aborder le contenu : tout comme le sportif se muscle différemment selon le sport qu’il pratique, on ne travaille efficacement qu’en ayant d’abord clairement compris l’objectif sur lequel portera l’évaluation. Que ce soit en dissertation ou en explication de texte, on n’attend pas de récitatif de cours ni d’exposé sur la vie et l’œuvre des auteurs, mais l’identification d’un problème à aborder avec des outils adaptés (des concepts élaborés et précis, des références philosophiques comprises plutôt que des citations coupées de leur contexte, des exemples culturels divers). Il y a plusieurs manières de bien traiter un sujet, là où les mauvais devoirs ont tendance à tous se ressembler. Par exemple, voici un corrigé sur la relativité de la vérité, à comparer à cet autre, ou encore à cette série de corrigés, toujours sur le même thème.

C’est dans cet objectif que les connaissances doivent être abordées pour nourrir une réflexion personnelle. On peut aller voir ces différents conseils de méthodologie, une approche ironique intitulée « Comment rater sa dissertation de philosophie ? » ainsi que cette fiche sur l’explication de texte et cette autre, centrée sur la dissertation.

  • Tout savoir sur le programme

Il faut savoir que le programme tient en trois volets : des notions différentes d’une série à l’autre, des repères conceptuels, et des auteurs dont un extrait peut tomber à l’écrit ou être préparé pour l’oral de rattrapage en série générale. Voici des présentations officielles qui mettent en perspective l’esprit du programme et des épreuves : programme séries générales, programme séries technologiques.

Pour les repères conceptuels en apprendre mécaniquement la définition ne suffit pas, il faut en maîtriser l’usage, savoir les reconnaître dans un texte et s’en servir pour articuler sa réflexion. Voici une définition et une mise en contexte de ces repères ainsi que des fiches repères, pour une approche plus explicite.

Il est inutile de se faire une fiche par auteur au programme sur sa vie et son œuvre, puisque c’est surtout le problème que traite le texte qui importe : on peut très bien réussir l’explication d’un texte dont on découvre l’auteur le jour de l’épreuve. En revanche il peut être utile de situer les auteurs dans certaines problématiques majeures (tel est empiriste tel autre est rationaliste en termes de connaissance, tel a une approche naturaliste de la vie politique tel autre au contraire une approche contractualiste, etc.). Il est suffisant lors des révisions de se limiter aux principaux qui reviennent le plus souvent dans le traitement des notions.

Voici des fiches donnant un aperçu rapide des auteurs, et d’autres, plus approfondies et rassemblées par notions du programme.

Il est bon, avant d’approfondir, d’avoir en tête les notions et leur articulation : autant on peut tolérer une approximation dans la définition d’un terme qui n’est pas une notion du programme, autant ceux qui le sont doivent être employés avec rigueur et précision. Par exemple, un sujet abordant la « liberté » devra être traité en veillant bien à définir tout au long du devoir le sens (variable) dans lequel ce terme est employé, selon qu’on parle de liberté politique ou de liberté au sens moral, etc.

  • Commencer par une approche synthétique des notions…

Beaucoup de sites proposent des fiches synthétiques. Si cela ne suffit pas pour développer un problème en détail, elles permettent de poser les principales problématiques, cerner les grandes oppositions et enjeux majeurs. Les lire en première intention donne un cadre dans lequel assimiler ensuite plus de contenu, et leur relecture peut être, à l’approche de l’épreuve, l’occasion de tester sa capacité à mobiliser ses connaissances. Voici des fiches assez complètes.

  • … avant un examen plus approfondi

Chaque sujet de dissertation, chaque texte est singulier, aussi avoir en tête des approches plus poussées et détaillées, appuyées sur des références dont on est capable de reproduire par soi-même les analyses, aide à penser. De nombreux blogs d’enseignants sont à cet égard un excellent outil d’approfondissement. Voir par exemple les cours de ce site ou de cet autre.

  • S’entraîner, car on n’apprend à nager que dans l’eau

Une fois les connaissances acquises, il est surtout profitable de s’entraîner sur des sujets. On peut ainsi prendre des sujets et consacrer une vingtaine de minutes à réfléchir à leur traitement possible, s’interroger sur les problèmes qu’ils mobilisent, rechercher les références utilisables, envisager une structuration de la pensée qui permette de les traiter sans en oublier une dimension importante.

Ceux qui en ont la possibilité gagneront à travailler par petits groupes, en choisissant par exemple deux dissertations et deux textes pour les préparer seul, avant de faire une synthèse ensemble et la comparer à un corrigé proposé. Lorsque la rencontre physique est impossible après l’arrêt des cours, ce peut être l’occasion de faire des réseaux sociaux et groupes de partage un usage positif pour l’examen.

Voici une liste de sujets très nourrie (attention, les corrigés sont payants) ;

ou encore 1 157 sujets d’explication de texte.

  • Enrichir de références culturelles diversifiées

Romans, films (préférer un classique à un blockbuster), œuvres d’art, exemples historiques, culture scientifique, etc., tout ce qui peut nourrir la réflexion et illustrer une idée bonifie les copies – sans pour autant se substituer à l’analyse conceptuelle. Aussi, ne pas hésiter, dans ses moments de « repos », à visionner un film recommandé, lire quelques pages d’un roman, jeter un œil aux œuvres d’un artiste ou écouter une composition musicale.

De manière générale, la réflexion invite à décloisonner les disciplines, en allant puiser dans sa culture personnelle : un élève de ES gagnera à prendre certains exemples dans ses cours de SES ou d’histoire, comme un élève de S peut s’appuyer sur des choses rencontrées en sciences. A condition bien sûr de veiller à respecter la conceptualité et la méthodologie propre à chaque discipline : un élève de ES qui traite un sujet sur la société veillera à ne pas faire en philosophie une copie de sociologie.

Voici des idées de films, pour chaque décennie, qui précisent les notions abordées ;

ainsi que cette bibliographie très éclectique, où l’on trouve aussi des romans, des essais de psychologie, etc.

  • Se reposer de l’écrit avec des vidéos et des sorties

Des vidéos en ligne peuvent aussi, pour ceux qui sont plus à l’aise avec ce format, aider à se préparer. Voir par exemple cette playlist qui contient de nombreuses vidéos, rassemblées par grands thèmes, ou encore ces neuf cours d’une enseignante, ainsi que des émissions de France Culture consacrées à la philosophie, à réécouter ou podcaster.

N’hésitez pas non plus à sortir vos parents : musées, cinéma, théâtre, promenades architecturales, chaque ville ou région offre largement de quoi alimenter culturellement une copie tout en prenant l’air, ce qui fait aussi partie d’une bonne préparation à l’examen pour l’aborder en forme et serein.

Cet article a fait l’objet d’une première publication à l’occasion du bac 2017.

Bac 2018 : « Le Monde Campus » aide les lycéens, depuis les révisions jusqu’aux résultats

Le Monde Campus accompagne les élèves de 1ere et de terminale candidats au bac S, bac ES, bac L et bac STMG, jusqu’aux résultats de l’examen, vendredi 6 juillet, et les rattrapages. Avec, durant les révisions, des guides méthodologiques, des ressources en lignes, des vidéos de rappels de cours, des annales et des quiz pour se préparer dans les différentes matières. Lors de l’examen, du 18 au 25 juin, seront publiés les sujets des épreuves et leurs corrigés en vidéos.

Trois « live » informeront et conseilleront en direct les candidats au bac et leurs proches : pour réviser (lundi 11 juin pour les élèves de terminale, mercredi 13 juin pour ceux de première) ; pour le premier jour des épreuves (lundi 18 juin : philosophie le matin, français pour les élèves de première l’après-midi) ; et pour les résultats (vendredi 6 juillet).

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