Edouard Philippe le 5 juin. / BERTRAND GUAY / AFP

L’heure est au rappel à l’ordre au sein de la majorité. Alors que les initiatives personnelles se multiplient chez les députés La République en marche (LRM), le premier ministre Edouard Philippe a appelé les élus macronistes à resserrer les rangs, mardi 5 juin au matin, lors de la réunion hebdomadaire du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale. « Il faut jouer davantage collectif et faire preuve de solidarité entre nous car si on la joue perso, nous n’arriverons pas à expliquer ce que l’on fait », a-t-il déclaré, en réponse à une intervention d’une élue macroniste appelant à « donner davantage de sens » à l’action du gouvernement. « En politique, il y a toujours de l’ego mais il faut aussi du collectif », a insisté le premier ministre.

Une prise de position visant à calmer les ardeurs des députés du parti présidentiel, qui déposent de plus en plus d’amendements sans l’accord du groupe. Le message était particulièrement destiné au député LRM Matthieu Orphelin, proche du ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, qui a déposé un amendement le 29 mai visant à inscrire dans la loi l’interdiction du glyphosate d’ici à 2021, contrairement à l’avis du gouvernement. Depuis, le rejet de cet amendement a donné lieu à une vive polémique qui a eu pour effet de passer sous silence les autres mesures du projet de loi agriculture-alimentation, comme l’inversion du processus de construction du prix payé aux agriculteurs ou le développement du bio dans les cantines scolaires.

« Contre notre camp »

De la même manière, le texte sur le logement n’a pour l’instant retenu l’attention des Français que sur une mesure, également polémique : le passage de 100 % à 10 % de logements accessibles aux personnes handicapées dans la construction neuve. Au plus grand dam du premier ministre. « De par notre organisation collective, sur les réformes qui se sont succédé, le débat public s’est focalisé sur l’accessoire et non sur l’essentiel », a-t-il déploré.

Lors de la réunion de groupe, Edouard Philippe a également appelé la majorité à ne pas se laisser aller à des critiques dans les médias. « Certains ne disent rien en réunion de groupe, en donnant l’impression de valider les arbitrages, avant de s’exprimer dans la presse pour critiquer les projets du gouvernement », s’est-il indigné. Dans son viseur cette fois : la députée LRM Frédérique Dumas, qui a critiqué le matin même sur France Inter la décision actée la veille par la ministre de la culture, Françoise Nyssen, de supprimer de la TNT la chaîne France 4, dans le cadre de la réforme de l’audiovisuel public.

Prenant la balle au rebond, la députée LRM Amélie de Montchalin, coordinatrice du groupe en commission des finances, s’est levée et a lancé : « Si on veut donner du sens à notre action, la moindre des choses serait déjà de ne pas tirer contre notre camp. » Avant de citer la déclaration formulée par son collègue Sacha Houlié dans Le Monde du jour, assurant : « Pour l’instant, on a perdu le combat sur le pouvoir d’achat. » « C’est avec ce genre de déclaration qu’on se tire une balle dans le pied ! », a-t-elle conclu, récoltant en retour une ovation de l’ensemble du groupe.

Des interventions dans la droite ligne du message formulé par Emmanuel Macron lui-même, lundi soir, devant ses troupes, lors d’une réception à l’Elysée de ceux qui ont mené la campagne présidentielle à ses côtés : « Nous avons réussi à fédérer des personnalités très différentes dans un projet collectif. Il faut rester unis. »