Harvey Weinstein, en costume sombre et cravate, entouré de ses avocats, lors de son arrivée au tribunal, à New York, le 5 juin 2018. / Kevin Hagen / AFP

Accusé par près d’une centaine de femmes d’abus sexuels allant du harcèlement au viol, le producteur déchu Harvey Weinstein, 66 ans, a plaidé non coupable au tribunal de Manhattan, mardi 5 juin. Catalyseur du mouvement #MeToo après une série d’accusations le visant, il a plaidé non coupable de trois chefs d’accusation, un pour l’agression sexuelle et deux pour le viol. Il avait été inculpé, le 25 mai, pour un viol en 2013 et une agression sexuelle en 2004. Il risque, en cas de condamnation, jusqu’à vingt-cinq ans de prison.

Harvey Weinstein, en costume sombre et cravate, n’a prononcé que quelques mots lors de l’audience, devant une salle comble. « Non coupable », a-t-il répondu d’une voix à peine audible au juge qui lui demandait comment il entendait plaider. A plusieurs reprises, il a ensuite simplement répondu « oui », lorsque le juge lui rappelait les conditions de son placement en liberté surveillée.

C’est son avocat, Ben Brafman, qui a parlé pendant l’essentiel de l’audience, rappelant la présomption d’innocence dont doit bénéficier le producteur bien que les abus sexuels présumés de M. Weinstein eussent été abondamment distillés dans les médias et dans l’opinion.

L’identité de la femme qui accuse M. Weinstein de viol n’a pas été révélée. Ben Brafman a affirmé qu’elle avait eu une relation consentie de dix ans avec le producteur, mais cette information n’a pas été confirmée.

La femme qui l’accuse d’agression sexuelle est Lucia Evans, aujourd’hui consultante en marketing et, à l’époque, aspirante actrice. Elle affirme que M. Weinstein l’a obligée à lui faire une fellation dans les bureaux de la société de production Miramax, tout en lui faisant miroiter une place dans son émission de téléréalité pour futures mannequins, « Project Runway ».

D’autres poursuites

M. Weinstein, par la voix de ses avocats, a démenti, depuis les premières révélations contre lui en octobre dernier, toute relation sexuelle non consentie. Il reste en liberté, moyennant un million de dollars de caution, le port d’un bracelet électronique et des déplacements limités aux Etats de New York et du Connecticut.

Il fait également l’objet d’enquêtes criminelles à Los Angeles et Londres, mais New York est la seule juridiction où il ait été formellement inculpé à ce stade. Il a aussi été attaqué au civil par une dizaine de femmes.

La préparation de son procès devrait prendre des mois, et la défense devrait notamment se battre pour essayer d’empêcher d’autres femmes qui affirment avoir été agressées par lui de témoigner à la barre. Les spécialistes n’excluent pas que M. Weinstein finisse par plaider coupable, afin d’obtenir une peine réduite, si ses avocats estimaient le procès ingagnable.