Le nouveau premier ministre italien, Giuseppe Conte, s’adresse aux sénateurs en compagnie des deux hommes forts du gouvernement et vices-premiers ministres, le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini (Ligue, à droite), et le ministre de l’économie et du travail, Muigi Di Maio (M5S, à gauche), le 5 juin 2018. / ANDREAS SOLARO / AFP

A la tête d’un gouvernement d’union entre la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), le président du conseil, Giuseppe Conte, a dévoilé son programme mardi 5 juin à l’occasion de son discours de politique générale au Sénat, à l’issue duquel les sénateurs devront voter la confiance (ou non) au gouvernement. La Chambre des députés, où les élus M5S-Ligue sont plus nettement majoritaires, votera mercredi.

Il a notamment évoqué la politique migratoire de l’Union européenne, la gestion de la dette italienne et les sanctions envers la Russie de Vladimir Poutine, mettant en avant un « changement radical ».

  • Un système « obligatoire » de répartition des demandeurs d’asile dans l’UE

Lors de son discours devant les sénateurs, le juriste, jusqu’ici inconnu du grand public, est revenu notamment sur la politique migratoire du nouveau gouvernement. M. Conte a notamment affirmé qu’il souhaitait un système « automatique » et « obligatoire » des demandeurs d’asile dans l’Union européenne.

« Le premier banc d’essai de la nouvelle manière de dialoguer avec les partenaires européens sera l’immigration. La gestion des flux a été jusqu’à présent un échec : l’Europe a autorisé des fermetures égoïstes de nombreux Etats qui ont déchargé, en premier lieu sur notre pays, les coûts et les difficultés. »

« Nous demanderons avec force le dépassement du règlement de Dublin pour obtenir le respect effectif d’une répartition équitable des responsabilités et pour réaliser des systèmes automatiques de répartition obligatoire des demandeurs d’asile, a-t-il annoncé. Nous mettrons fin au “business” de l’immigration, qui a augmenté de manière démesurée à l’ombre d’une fausse solidarité. »

Les pays de l’UE ont reconnu mardi, lors d’une réunion des ministres de l’intérieur à Luxembourg, être encore loin d’un compromis pour débloquer la réforme enlisée depuis deux ans du système d’asile européen. Le ministre italien de l’intérieur, et patron de la Ligue, Matteo Salvini, était le grand absent de cette rencontre.

  • Réduire la dette, sans imposer l’austérité

Le nouveau chef du gouvernement , Giuseppe Conte, a affirmé que le pays entendait réduire son énorme dette publique, mais à travers la croissance et non pas à l’aide de mesures d’austérité. « Nous voulons réduire notre dette publique, mais nous voulons le faire avec la croissance et non pas avec des mesures d’austérité », a-t-il déclaré. Le « gouvernement du changement » entend aussi baisser les impôts et augmenter les aides sociales, ce qui inquiète les marchés et l’Union européenne.

La dette publique italienne, la deuxième plus importante de la zone euro après la Grèce, « est aujourd’hui pleinement soutenable, mais doit cependant être réduite, dans une perspective de croissance économique », a-t-il ajouté.

De ce point de vue, le nouveau chef du premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l’Union européenne, terme qu’il a revendiqué, a indiqué que l’écart de croissance entre l’Italie et l’Europe devait être réduit, « c’est notre objectif », a-t-il assuré.

« L’Europe est notre maison », a encore assuré M. Conte, qui a dit vouloir une « Europe plus forte mais aussi plus juste ».

  • Conte veut une « ouverture envers la Russie »

Le dirigeant italien a également indiqué être favorable à la « révision » des sanctions économiques imposées à la Russie par la communauté internationale.

« Nous serons les promoteurs d’une révision du système de sanctions », a-t-il dit. « Nous serons les partisans d’une ouverture envers la Russie qui a renforcé ses dernières années son rôle international dans diverses crises géopolitiques » et qui représente un partenaire économique important pour les entreprises italiennes, a ajouté M. Conte.

Depuis un bon moment l’Italie tente d’obtenir au sein de l’Union européenne, sinon une levée totale des sanctions envers la Russie, au moins un allégement. Le nouveau chef du gouvernement italien a tenu cependant à souligner « l’appartenance convaincue à l’OTAN ». « Nous entendons souligner avant tout l’appartenance convaincue de notre pays à l’Alliance Atlantique, avec les Etats-Unis comme partenaire privilégié », a assuré M. Conte.

Giuseppe Conte participera vendredi 8 juin à son premier rendez-vous international, le sommet du G7 au Canada.