Guillaume Ouattara, étudiant de l’Université de technologie de Compiègne (UTC), a remporté en 2015 le concours « Fleurs d’éloquence » à la Bibliothèque nationale de France / Capture d'écran

« J’aime prendre la parole en public, mais au début, cela me terrifiait. Quand j’ai vu que d’autres se lançaient sans même avoir les codes en tête, je me suis dit qu’il n’y avait pas de raison ! » Romane Brière-Rome a été élue meilleur espoir lors du premier concours international d’éloquence organisé par l’université Paris-I au Panthéon, lundi 28 mai. Pour le moment, la jeune étudiante en science politique et philosophie n’a pas d’idée précise de ce qu’elle voudrait faire plus tard. Mais ce dont elle est sûre, c’est que ce genre d’expérience lui sera avantageux.

Les participants et gagnants aux concours d’éloquence organisés dans l’enseignement supérieur évoquent en premier lieu des bienfaits personnels, le plus répandu étant le gain de confiance en soi. « Parler en public me paraît aujourd’hui beaucoup moins intimidant, raconte Mélody Leroy, étudiante en lettres à Angers. C’est important de voir combien notre travail a payé, qu’on est loin d’être ridicule. » Inès Naidja, lauréate en 2015 du concours de plaidoirie de l’association d’éloquence Lysias – en référence à un grand orateur athénien – de l’université Panthéon-Assas, dont elle est aujourd’hui la présidente, évoque par ailleurs un travail d’introspection. « On se cultive beaucoup, il faut se sortir un peu du domaine du droit, explique la jeune femme, qui s’apprête à passer le concours d’avocat en septembre. Ça demande aussi de se connaître, de dépasser les barrières. »

Il est vrai qu’être orateur, ça ne s’improvise pas, comme en témoigne l’expérience de Lamine Samassa. « Comme je travaillais, je n’étais pas souvent présent à la formation du samedi, alors au début, j’improvisais beaucoup, c’était assez catastrophique, dit le jeune homme médaillé de bronze cette année au concours Eloquentia de Paris-VIII. Mais grâce aux retours des formateurs et des jurys, j’ai fini par être sur la bonne voie ! »

« Cela nous ouvre des portes »

Les avantages relèvent aussi du domaine académique. « L’art oratoire permet de comprendre les stratagèmes plus facilement : on apprend à décortiquer un discours, on acquiert un esprit critique, constate Léo Amsellem, président du groupe de débats Révolte-toi Sciences Po. Cela nous procure, d’un côté, une certaine émancipation de pouvoir nous exprimer, et, de l’autre, un esprit critique lorsqu’on écoute les autres. »

Pauline Bruley, enseignante en lettres à la faculté d’Angers, dont elle coorganise le concours d’éloquence, ajoute que cet exercice développe chez les étudiants « l’inventivité, la finesse du raisonnement, la capacité à le rendre élégant et aussi la valeur logique de l’argumentation ».

Toutes disciplines confondues, les étudiants devront bientôt passer des entretiens d’embauche. Convaincre et savoir se défendre sont alors de réels avantages. Dans certains domaines, cela permet justement d’avancer dans la direction de l’insertion professionnelle : grâce à sa victoire au concours de plaidoirie Lysias, Julia d’Avout a pu décrocher un stage. « Entrer dans cette association et participer au concours, c’est aussi intégrer une famille, un réseau, on rencontre beaucoup de professionnels, explique Inès Naidja. Cela nous ouvre des portes, c’est une certaine reconnaissance. »

Une reconnaissance, mais surtout une force, pour Lamine Samassa : « L’éloquence est un pouvoir, on a tous des combats, des causes à défendre. Cela devrait être mis à la portée de tous. »