La qualité de vie et la beauté des paysages canadiens en font une destination de choix pour les actifs de tout pays. / AGE / Photononstop / AGE / Photononstop

« C’est un rêve vieux de quinze ans qui s’est enfin réalisé ! » Frédéric Capasso et Fabienne Goubely sont installés dans la ville de Québec depuis février 2017. Ils sont tous deux programmeurs-analystes chez LGS, une société de services en technologies de l’information et en conseils de gestion. Ils font désormais partie des quelque 81 000 Français établis dans la Belle Province (sur les 105 000 vivant au Canada), selon le dernier recensement 2016 de Statistique Canada, l’équivalent de l’Insee. « Chaque année, entre 3 000 et 4 000 Français s’établissent au Québec sous le régime de la résidence permanente. S’y ajoutent les étudiants, les détenteurs de permis temporaire ou d’un permis vacances-travail », affirme sur son site le Consulat de France à Québec.

« Venus chercher avant tout une qualité de vie, nous l’avons trouvée au-delà de nos espérances : calme, facilité de contacts, conciliation aisée entre vies professionnelle et personnelle, beaucoup de verdure et un vrai vivre-ensemble », argumente Fabienne Goubely. Mais le Québec séduit aussi par son aspect sécurité (faible délinquance), sa francophonie, et le dynamisme de son marché du travail. Le taux de chômage était de 5,4 % dans la province du Québec (5,8 % pour l’ensemble du Canada) en avril 2018, contre 9,2 % en France à la fin du premier trimestre. Et l’horizon est dégagé : « 1,3 million de postes seront à pourvoir dans les dix ans à venir, dont 80 % en dehors de la grande région de Montréal », annonce Carl Viel, PDG de l’agence de développement économique Québec International.

Le taux de chômage historiquement bas et le vieillissement de la population poussent les entreprises à se tourner vers l’international pour leurs recrutements, et notamment vers les pays francophones. Les secteurs concernés : hôtellerie-restauration, services, high-tech, santé, industrie (aéronautique), technologies de l’information et numérique. Les postes à pourvoir concernent aussi bien des techniciens et ingénieurs que des cuisiniers, des comptables, des soudeurs ou des machinistes. Enfin, pour aider les entreprises à faire face au tsunami numérique, « le programme Stratégie numérique du Québec a été lancé fin 2017 », explique Carl Viel.

40 heures de travail hebdomadaire et deux semaines de congés payés pour les débutants

Mais « le projet n’est pas à prendre à la légère, s’expatrier est un défi de taille », avertit Marie-Josée Chouinard, chargée de l’attraction des talents à l’agence de développement économique Québec International. Les Québécois ne sont pas des Français qui vivent en Amérique. Ce sont des Nord-Américains qui parlent français. Les conditions de travail diffèrent : la durée hebdomadaire normale est proche des 40 heures et les congés payés se limitent à deux semaines par an pour les débutants. « Même si, en cette période de pénurie de talents, les candidats ont un certain pouvoir de négociation », précise Marie-Josée Chouinard.

Les modes de travail aussi varient : « Ici, les retours positifs sur le travail effectué sont très fréquents, alors qu’en France les manageurs ont tendance à insister sur ce qui ne va pas », note ­Frédéric Capasso. Enfin, inutile d’espérer faire fortune. « Ce n’est pas ­Dubaï. On ne vient pas au Québec pour des raisons financières, selon Marie-Josée Chouinard. Mais le coût de la vie est avantageux et acquérir son logement est un rêve accessible. » Fabienne Goubely et Frédéric Capasso le confirment : « Le Québec est un eldorado social, pas financier ».