L’islamologue suisse Tariq Ramadan, le 4 mars 2012, lors d’une conférence à Nanterre. / MEHDI FEDOUACH / AFP

L’islamologue suisse Tariq Ramadan, incarcéré dans deux affaires de viol sur deux femmes, a reconnu des relations sexuelles « consenties » avec une troisième plaignante lors de son premier interrogatoire, mardi 5 juin, devant les juges d’instruction. Ces derniers ont choisi de ne pas le mettre en examen dans ce volet, a annoncé son avocat.

« Les magistrats ont considéré, à la suite des explications de M. Ramadan et des documents qui ont pu être fournis, qu’il n’y avait pas lieu de mettre en examen M. Ramadan concernant Mounia », la troisième femme qui l’accusait de viols en 2013 et 2014, a déclaré Me Emmanuel Marsigny devant la presse à l’issue de l’audition, débutée en milieu de matinée et achevée vers 21 heures au tribunal de Paris.

« Il a longuement expliqué aux magistrats (…) qu’il y avait eu des jeux sexuels, qu’il y avait eu des relations sexuelles également mais qu’elles ont toutes été toujours librement consenties », a-t-il ajouté. « C’est un tournant dans cette affaire », s’est félicité le conseil de l’intellectuel musulman.

La troisième plaignante, Mounia Rabbouj, est ancienne escort-girl, protagoniste du procès pour proxénétisme du Carlton aux côtés de Dominique Strauss-Kahn. Elle affirme avoir été violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014. A la veille de l’audition de mardi, la défense avait déposé « plus de 300 vidéos et plus de 1 000 photos » témoignant d’une relation consentie entre l’intellectuel et cette femme.

Contacté par l’Agence France-Presse, l’avocat de Mme Rabbouj, Me Francis Szpiner, a déclaré qu’il attendait de connaître les déclarations de M. Ramadan et les motivations des juges avant de les commenter.

Incarcéré depuis février

Les enquêtes visant l’islamologue ont été déclenchées en octobre par les plaintes de deux femmes – la militante laïque et ancienne salafiste Henda Ayari et une femme connue sous le pseudonyme de « Christelle » –, dans le sillage du scandale Weinstein aux Etats-Unis. Elles ont été rejointes en mars par une troisième. Une quatrième femme a également déposé plainte pour viol, à Genève, mais son témoignage doit encore être versé au dossier français.

Jusqu’ici, l’intellectuel, mis en examen pour deux viols et écroué début février, n’avait pas été interrogé sur les accusations de Mounia Rabbouj. Une éventuelle mise en examen dans ce volet, qui avait été requise par le parquet, constituait le principal enjeu de cette audition.

La défense a également dénoncé mardi soir la « volte-face » récente de Mme Ayari, qui a modifié le lieu et la date des faits qu’elle dénonce et qu’elle situe désormais le 26 mai 2012 dans un hôtel de la place de la République à Paris. Concernant « Christelle », Tariq Ramadan a déclaré l’avoir vue 20-30 minutes dans le hall de son hôtel à Lyon le 10 octobre 2009, alors qu’elle dénonce des faits commis la veille. Devant les juges, l’islamologue a maintenu qu’il n’avait jamais eu le moindre rapport sexuel avec les deux premières plaignantes.

Le 22 mai, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris a décidé que Tariq Ramadan, resterait en détention, confirmant ainsi la décision prise début mai par le juge des libertés et de la détention.