La corruption de joueurs ne touche quasiment pas le circuit ATP et les matchs du Grand Chelem comme Roland-Garros. / CHRISTOPHE SIMON / AFP

Un coup de filet soutenu par Europol visant « une organisation criminelle belgo-arménienne » spécialisée dans le trucage de matchs de tennis a conduit à l’arrestation de treize personnes mardi 5 juin au matin, selon le parquet fédéral belge, et de deux personnes aux Pays-Bas, selon les médias néerlandais. Les soupçons de corruption concernent des joueurs évoluant dans des tournois secondaires (niveaux Future et Challenger).

L’instruction, confiée à un juge belge de la région de Gand, a débouché sur des perquisitions également en Allemagne, en France, en Bulgarie, en Slovaquie et aux Etats-Unis, précise le parquet. On ne connaît pas le résultat de ces autres opérations.

Alerte par des officines de pari

L’enquête, qui soupçonne une corruption « active » de joueurs de tennis professionnels depuis 2014 à travers le monde découle du travail de la commission des jeux de hasard dépendant du ministère de la Justice belge, alertée dès 2015 par diverses officines de pari sur le fait que « de nombreuses personnes d’origine arménienne séjournant dans notre pays se seraient rendues coupables de trucage de matchs dans le milieu du tennis ».

« Conformément à des instructions claires, ils utiliseraient l’argent mis à leur disposition dans des bureaux de pari afin de miser sur des matchs de divisions inférieures à l’étranger pour lesquels les gains ne sont pas très élevés (5 000 à 15 000 dollars, environ 4 000 à 13 000 euros) », a rapporté le parquet. Lors de ces tournois secondaires, « il n’y a généralement pas d’enregistrements par des caméras (...), si bien que les joueurs seraient plus facilement corruptibles et que les organisateurs de matchs truqués généreraient beaucoup d’argent ».

Un « tsunami » d’infractions

Le 25 avril, un rapport indépendant avait mis en évidence un très grand nombre de matchs truqués dans de petits tournois — « un tsunami » d’infractions, selon le mot d’un enquêteur de l’unité pour l’intégrité du tennis (TIU) —, beaucoup moins sur le circuit principal de l’ATP et les tournois du Grand Chelem, selon les rapporteurs, « bien qu’il y ait des preuves de problèmes à ces niveaux également ».

Pour expliquer la corruption à ce niveau, ces derniers évoquaient alors les faibles rémunérations des joueurs, qui « créent un terrain fertile pour la fraude » : « Seuls les 250 femmes et 350 hommes les mieux classés gagnent suffisamment d’argent pour être à flot. Il y a pourtant quelque 15 000 joueurs dits “professionnels”. »

Selon l’association des parieurs sportifs, plus des trois quarts des opérations suspectes concernent le tennis, qui n’est pourtant que le quatrième sport en matière de mises totales.